Ainsi va la vie, va...

Publié le par philomonique

Mais quel âge avais-tu donc?

Tu parlais alors passion et jeux de séduction. Tu respirais la vie à pleins poumons, comme les cigarettes. Tu t’en abreuvais, comme de la bouche des femmes, de leur fleur ou de leur cul, comme de la bière et des verres de vin. Tu la bouffais par les deux bouts, par le tien et par celui du tunnel d’où filtrait une lumière si belle, si forte, qu’elle t’auréolait d’aura magistrale, où toute âme sensible se serait plongée, noyée, damnée. Tu oscillais en tout, entre enthousiasme et abattement, entre idéal et exigence/intransigeance. Don Quichotte et Steve Jobs tout en un. Gant de velours et fouet tout en un. Un jour tout, le suivant néant. Créer, puis tout déconstruire et reconstruire. Vite, toujours plus vite, encore, encore. Ouvrir les vannes. Décharger l’énergie. Envoyer valser le temps. Laisser une trace.

 

Mais quel âge as-tu donc ?

Moins de paroles. Passion et séduction se déplacent. Se dépassent. Passe, passe, passera, le temps ne se retourne pas. Le corps trinque mais la bouche moins. Les volutes se font moins nicotine mais plus vapeurs de faiblesse. Des projets prennent l'eau. L’aura maîtresse en prend un coup de massue, l’énergie se fait la malle à deux balles, le cœur s’essouffle, les poumons expirent, la cigarette s’écrase, la bière s’oublie et pourtant sa mise s’y prépare si on n’y prend garde. Gare à la déveine, bon sang ! La douleur intime qui te fait péter l’armure, le travail de mémoire sur soi qui te met les yeux en face des trous jusqu’à en accoucher de « je t’aime » adroits, aussi souvent qu’à qui de droit. Ouvrir son âme. Recharger les batteries. Panser ses plaies. Réparer l’armure. Envoyer valser le temps. Laisser une trace.

 

Mais quel âge avons-nous donc?

On s’en tape de l'âge. Traçons, y’a qu'ça qu’est bon! 

 

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted novembre 2018

 

 

 

Publié dans Au fil des jours

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