Un ange..moi?

Publié le par philomonique






L'autre dimanche soir, pour rien au monde je n'aurais raté le concert organisé par Frank, mon prof de chant, dans la salle de spectacle de l'école du village voisin, en presque rase campagne.
  
La plupart des interprètes, soit presque tous ses élèves de tous âges et horizons, purent chacun interpréter 2 ou 3 chansons, accompagnés par la très Rock'n roll "Frank Tender Band", sauf moi (zut alors), assise en solitaire dans la salle , spectatrice détendue et sans trac cette fois, forcément! 

 "Bien malin" ai-je ralé muettement,  "d'avoir justement décidé de faire une pause de quelques mois et de ne pouvoir m'éclater en "live"!
Mais "ouf!" donc, j'étais sans stress ni  besoin irrésistible 
de prendre mes jambes à mon cou avant de monter sur les planches, comme ce fut déjà le cas par le passé.
 
Oui, c'est malheureux , je souffre de ce syndrome qui fait parfois boire, fumer ou flipper les artistes avant leur show! Moi c'est la manie tenace de déguerpir au plus vite face à un grand danger que je dois contenir à chaque fois grâce à des respirations profondes et des visions apaisantes de roulis de vagues sur une plage enivrante que je vous recommande chaudement lors de vos paniques! 
 
Cette fois, épargnée des ces affres, j'ai pu, de mon fauteuil confortable, taper des pieds et des mains en rythme et apprécier pleinement les apprentis chanteurs au talent bien affirmé. Mon sourire élargi ne m'a pas quitté de la soirée, et je suis sûre que mes yeux ont brillé pendant tout le spectacle, encore plus quand pour faire son show, Frank est arrivé en bas de scène avec sa grosse moto. Vroum vroum...Vraiment très Rock 'n roll attitude!
 
Une fois le concert terminé, après avoir félicité tout le monde, salué les musiciens que je connais déjà bien,  après avoir embrassé et serré des mains de personnes connues, reconnues et moins connues, je me suis dirigée d'un pas léger  vers le parking de l'école pour récupérer ma voiture dans la nuit noire.
 
Tout à coup, devant moi, un monsieur d'un âge certain, tout essoufflé, m'interpelle dans un allemand brinquebalant et approximatif: "Hôtel Wassberg, wo? Wissen Sie?".

Je lui réponds que oui, et essaie de lui expliquer dans mon meilleur allemand la route franchement très dure à trouver par nuit noire  et là, il m'interrompt en français, la veine:
 "Vous parlez français, il me semble, génial! Ma femme et moi arrivons juste d'Alsace, notre GPS ne fonctionne pas, nous sommes perdus, je le crains...".
 
"Oui, je parle bien votre langue" lui dis-je ", mais même en français, vous expliquer le chemin relève d'un talent  bien difficile à appliquer par nuit sans lune, surtout qu'il y a encore 5 km de routes à trouver!"
 
Amusée par ce destin décidément bien cocasse, par ce hasard étonnant, mais aussi attendrie par ce monsieur perdu, ma foi plutôt sympa (le français devait y être pour quelque chose), sans même réfléchir davantage, je lui suggère de me suivre en voiture, je vais les mener à bon port, même si la destination va complètement à l'opposé de la mienne!

Il remonte guilleret et soulagé dans sa voiture,  j'aperçois une ombre au volant, c'est sa femme qui conduit...."no comment!" me dis-je pour moi-même.... Et nous voilà partis sur les petites routes de campagne, sinuant vers la plus jolie colline de notre coin, qui aurait bien montré la plus magnifique et imprenable vue circulaire sur les Alpes et les lacs de Zurich et Greifensee, si seulement il eût fait jour et que le temps eût été au plus clair! Mais ils s'en rendraient compte demain en ouvrant bien grands les rideaux de leur chambre, j'en étais sûre.
 
Une fois arrivés sur le parking de l'hôtel aux lumières déjà bien rares, je gare ma voiture, arrête le moteur et m'en extirpe. Je vais tout de même les saluer avant de me retirer, c'est la moindre des choses!
Le monsieur ouvre avec force sa portière et me dit d'un ton un peu pressé :"Attendez, ne partez pas, j'ai quelque chose pour vous, permettez-moi d'ouvrir mon coffre, vite". Il fouille un instant dans ses nombreux bagages et en ressort tout heureux un beau spécimen de vin blanc d'Alsace, "mis en bouteille par mes soins", m'affirme t'il encore, cadeau qu'il me tend avec un énorme sourire en ajoutant: "acceptez ceci, en remerciement pour votre aide spontanée, vous êtes un ange qui nous a été envoyé du ciel cette nuit, c'est certain!"...

Toute émue, sans voix, j'ai pris la bouteille de ses mains, non sans murmurer que "ce n'était franchement pas nécessaire" et leur ai serré à chacun longuement et chaleureusement la main, leur souhaitant un merveilleux séjour dans notre région, avant de finalement prendre congé.
 
En redescendant la colline ce soir là, je me sentais portée par un sentiment de bienfait et de bien-être.  Je me suis dit que la magie résidait vraiment partout, et à chaque instant, et surtout dans ces petits actes inattendus générateurs de petites joies de part et d'autre.
 
Ce fut une soirée mémorable. Une histoire de ma campagne.
Encore un de ces petits bonheurs qui rendent la vie si savoureuse.

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted novembre 2008

Publié dans Scènes de vie

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P
<br /> éclaireuse, à la vie comme à lascène<br /> bravo<br /> j'aime conduire les gens égarés, cela m'arive assez souvent, mais pas de vin blanc , souvent un sourire...<br /> bise<br /> <br /> <br />
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A
unexpected if not dramatic encounter. In addition a bottle of fine white wine as a reward...and life goes on! Well please Lady don't get me wrong but I must tell you this, for G'd sake stop procrastinating...and kick off the book you're really bound to write somehow or other. I think it would be pleasurable for the writter of course...not to mention all possible readers
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M
oui oui ... absolument
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