Fausse note
Piano man,
Vous qui m’invitâtes et me mîtes en votre boîte,
J’en fus bien emballée,
Vous en souvenez-vous ?
Vous n’y allâtes pas de main morte,
Lorsqu’en bonne-vivante la votre s’allongea sur la mienne.
Et que vos douceurs murmurées à mon oreille,
Parfaitement accordées pour me faire vous dire
«Oui, je vous veux, je l’exige, allégrement »,
Restèrent suspendues dans mes bémols de l’instant,
Me laissant sur la touche, pausant, un peu interdite.
J’eusse aimé retenir vos soupirs,
Les inspirer par de subliminales promesses.
Mais ils se désaccordèrent flottants dans l’intervalle mélodique,
Rejetant l’air en vogue du moment.
Votre souffle là fut si proche de mes lèvres et si loin pourtant, si,
Qu’il m’en coûta de ne point me délecter des vôtres.
Je conservai seul l’effluve malteux de votre bière bue au goulot,
A la pression de laquelle celle du creux de mes reins ne pouvait se mesurer.
Ce n’eût pas été de bon ton, votre musique n’était pas à ma portée.
Ni la mienne à la votre.
Qu’importe le degré, un jour l’ivresse viendra!
Question de diapason.
Et je ne ferai aucune fausse note…