Toute à toi

Publié le par philomonique

 

 
Il faisait chaud. Etouffant. Un de ces matins moites qui collent à la peau.
Puis, j'ai entendu ton appel.
Encore chiffonnée de la nuit, cheveux en bataille, j'ai fait glisser ma nuisette sur mes chevilles, ai attrapé sur la chaise la petite robe rouge en cuir à écailles que tu aimais tant et l'ai enfilée. En prévision.
J'ai dévalé les escaliers pieds nus, sautant les 36 marches 4 à 4 et j'ai soulevé subrepticement le rideau de la fenêtre.
Tu n'étais pas arrivé.
J'ai baissé les yeux sur mes orteils. Tout semblait normal encore.
Je me suis précipitée à l'évier, j’ai ouvert le robinet rouillé et j'ai laissé couler l'eau sur mes mains ankylosées. Un bon moment.
Puis, j'ai ramassé les 3 bouteilles vides de Pinot Noir qui trainaient là de la nuit et les ai remplies du liquide glacé. Jusqu'au goulot. En prévision.
J'ai entendu ton appel, plus proche cette fois
J'ai couru dans l'entrée, ai collé le haut de mon visage à l'oeilleton. Impatiente. Fébrile.
C'est le bruit du moteur qui m'a alertée. Ton coffre a claqué. Ton doigt sur la sonnette a fait résonner la cloche à mon oreille. Mon coeur en a pris un coup. Ma respiration s'est arrêtée, bloquée net.
Avais-je le choix, encore?
J'ai ouvert la porte d'un mouvement brusque, t'ai arraché le bocal des mains, y ai vidé les 3 bouteilles et, retenant mon souffle, m'y suis plongée. Toute habillée de la petite robe rouge en cuir à écailles que tu aimais tant.
 
 

Inéluctable          philomonique - copyrighted avril 2015

 

Publié dans Fictions et dérision

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