Tout ou Rien
Mon ami
Je l'ai sentie votre lassitude
Votre vague à l’âme exsangue
Qui en mauvaise soeur
A roulé sans amasser mousse
Dans l’écume de vos jours.
Et qui telle une vieille cruche
Tant allée aux fontaines des chagrins
Qu'à la fin, elle s’est cassée.
S'est tirée même, avouez-le.
Sale coup dirons-nous.
Carrément mal avisée, elle fut.
Vous êtes imbibé de noir. Il suffit.
Prenez donc un petit coup de blanc, bien frappé.
Il n'est pas trop tard encore!
Mon frère
Dormez-vous?
Voyez les couleurs sous vos paupières.
Vous rougissez?
Vous y avez mis trop de formes.
De celles qu'il fait bon caresser, n'est-il pas?
Venez contre moi.
Serrez-moi la main, bien fort.
Prenez-moi, au mot. Votre pied aussi.
A bras le corps!
Assez de pas assez, assez!
Il est si bon d'avoir trop bon!
Sus à vos levers gauches.
Virez de bord.
A tribord, toute.
Rondement, cette fois.
En cercle initiatique.
Plus droit à l'erreur
Place à la quadrature du coeur!
Paille ou poutre, vous pouvez choisir!
Aspirez la vie au soleil de mes yeux
Plutôt qu'à l'ombre obscure des vôtres
Fossoyeuse de lumière intérieure.
Qu'elle soit donc!
Soyez aussi, vous! La question n'est plus là.
Faites-en votre viatique.
Tantrique, s'il vous en plaira.
Venez donc, que je vous aborde.
Mon corps déborde de vous le dire.
L’heure est au gavage d’âme, le saviez-vous?
Finies les errances des oies sauvages !
Puisez dans vos sens
Dans vos émotions contenues.
Dans vos cadeaux de toujours
Aux rubans non dénoués encore.
Glissez sur les crêtes et utilisez les creux !
De reins même si vous voulez.
D’un bon coup, explosez-vous ou remplissez-vous!
Du tout et de son contraire.
Du plein et du vide
Du plein de vide
Du vide de plein aussi, si vous préférez!
Ne sont-ce ces presque rien qui font toute la différence?
Mais tout cela n'est rien, vous le savez bien ...
Rien de rien, non
Ne regrettez rien ...
Je vous entends déjà piaffer,
Cheval fou que vous êtes.
Galopez, galopin !
Vous n’êtes plus un chérubin ! Que diable!
Visez la lune et les étoiles
Pour ne pas vous noyer
Dans le remplissage d'âme factice.
Otez votre licou et votre muselière.
Débridez votre folie,
Perdez votre pur sang froid
A chaud, s'il le faut!
Cessez de vouloir tout contrôler.
Jetez votre cravache par dessus les derniers remparts
De la raison du plus fort.
Perdez-là,
Pour la bonne cause au moins!
Mon ami, mon frère
Tous ces mots ne sont que peu de choses
Qui forment un tout.
Je vous les ai dit
Parce qu'un jour vous me devîntes presque tout
Et que vous n'en sûtes rien!
philomonique - copyrighted janvier 2009