Toute à toi
philomonique - copyrighted avril 2015
philomonique - copyrighted avril 2015
Je le sens
déjà tu t’éloignes
Tes soupirs se font moins pressants
tes regards plus fuyants
Ce sera notre dernière pluie
notre midnight express
Seule ta mordante caresse
sur ma chair alanguie
reculera de peu notre devenir incertain
Je resterai là
adossée au chambranle de la porte
éperdument exsangue
Par ta bouche aspirée
chancelante
je n’oserai un cri
Ce sera l'ultime festin
ton dernier breuvage avant la route
Reprends ton chemin, prince de sang
il sera toujours temps
de t'en faire du mauvais
Car tu m’as fait Lilith
et plus jamais, blanche je ne serai
Vous en avez laissé trop voir pour que je ne m’en sois pas aperçue. Ne me demandez pas pourquoi. Je suis passée par là. Le plus pur des hasards. Je l'y ai vue. Elle était là d’ailleurs pour se faire découvrir. Etre découverte ou montrée, c’est selon. Il faut un montreur et un voyeur, cela va de soi. L’ont vue donc ces autres yeux qui la dégusteraient et vous apporteraient des agapes inédites. De celles dont on croit ne pas pouvoir se lasser quand on laisse libre cours au jeu.
Je vous sais à présent friand de ces gourmandises-plaisirs, de ces mises en scènes fantasmatiques. Vous êtes vous aussi forcément de ces acteurs-spectateurs insoupçonnables qui jouent leur vie coté pile derrière les rideaux tombés de la « bien-penserie ».
Honni soit qui mal y pense. Je n’en pense rien si ce n’est que je devais bien le savoir quelque part. Ce sont des choses qu’on sait, comme ça, sans les voir. On les sent, c’est l’évidence même. Pas d’inertie là. C’est la vie qui ouvre le bal. Un peu grimée. Tronquée. Perverse voire. Comme nous. Vous, lui, elle, moi, l'autre et le voisin d'en face. Je vous le dis.
Vous n’y aviez pas pensé, n’est ce pas, que mes yeux capteraient l'image? Que je saurais ? Si seulement j’avais su, je ne serais pas venue là. Mais qui a vu, verra. Cela ne m'a pas échappé. J'ai vu et j'y ai cru, tout cru! En quelques secondes, par un simple clic, et clac, de tout ce monde, moi j'ai vu et j'ai su, qu'y puis-je ?
« Pouvais-je le lui dire? » ai-je pensé. Fallait-il lui en parler ? La tentation fut grande de vous en toucher un mot. Toucher... Allais-je y céder à cette pulsion ? Pourquoi ne pas me laisser tenter? Mais plutôt que de parler pour ne rien dire, je me suis tue. Bien entendu! Bouche cousue sous le masque. Bâillonnée. Il n'était pas dit que vous seriez sensé savoir que j’avais vu, ni vouloir le savoir. Ni vouloir m'entendre le dire. Alors motus. Grande sagesse. J’ai gardé ce que je savais pour moi et l’ai couché ici sur la toile courante. Ma main en tremble encore. J'ai cru comprendre ce que vous ne daigniez m'avouer...
Ode au carnaval de la vie et à tous ses acteurs-spectateurs masqués. Ode aux plaisirs immédiats, consommables et consommés à merci, occulteurs de passé et d’avenir! Ode à la mixité intra, supra et sub-sensorielle des corps, aux fous mélanges dépourvus de fausses pudibonderies et bondieuseries! Ode aux bouillons de culture des autres bien orchestrés en duos, trios, quatuors, ou petits groupes symphoniques sur des musiques bien chambrées et des contes des mille et une nuits! Ode à l’ivresse des grands animaux animés que nous sommes, animés d’une âme certes (paix à elle), mais animés de feu dans leur chair!
Laissons donc là la marchande de crucifix, comme le disait si bien une amie! Et si on s’éclatait pour oublier qu’on est mort déjà? Séduisons, aimons, faisons semblant, chassons. Frémissons pour ne plus mourir à nous-mêmes! Divertissons-nous, si non-Dieu le veut!
Assez de toutes vos belles grandes théories! Trêve de bavardages. Avez-vous cru me leurrer? J’en ris encore, qui pleure aussi. Ce festin là, ne m’était évidemment pas destiné. Peut-être même n’en était-ce pas pas un!
Dites-moi franchement, nous qui nous pensons parfois uniques, combien sommes-nous à jouer et à nous déjouer ainsi voilés ? Otez donc votre masque, que je puisse enfin vous accepter dans vos droits d’auteurs de votre propre vie, quelle qu'elle soit!
A l’image de mon âme, ô mon miroir, tu es l’ami des jours sans tain
Le chantre de mes vrais semblants et de mes farces de gamin grimé
Sorte de banquier piégeur, et trompeur aussi, de mes amies les alouettes
Si gentilles alouettes, plumées ah les pauvres si vous saviez,
Tu leur en as fait miroiter des résultats chatoyants, dis donc !
Tu trônes là, accroché et toujours bien poli à un pas à peine de mon injuste regard
Et ne perds de vue pour rien au monde ma face double, volte (face) & Cie
Que tu t’évertues à bien éclairer de tes nombreuses réflexions
Souvent, je t’épie du coin de l’œil, cherchant un reflet inconnu
Qui dans ton dos ouvrirait une porte vers d’autres réalités.
J’ai beau sonder, mais tu n’as cesse de me réfléchir, totalement prismatique
Grand penseur et f(l)outeur de merde lors de mes grandes questions philosophiques :
Suis-je beau ou ne le suis-je pas ? L’être ou ne pas l’être, n’est-ce pas l’essentiel ?
Avoue, c’est vrai, que tu m’assailles chaque matin, profond chagrin,
Me renvoyant des rais violents, lacérant comme au couteau ma peau,
La sillonnant de rides fraiches, sur le front, le cou, partout,
Me plissant amèrement le coin des lèvres, me creusant les yeux d’un noir luminescent.
En voilà un triste constat. J’ai une mine d’enfer.
Je bois trop, je danse trop. Je mange trop. Je suis foutu.
Le temps filou file dans le miroir, et un mauvais coton, c’est évident!
Je fais bien trop peine à voir
Moi, Narcisse, demain, j’enlève le miroir
Et je me fais tirer le portrait!
Foi de Dorian!
Mon ami
Je l'ai sentie votre lassitude
Votre vague à l’âme exsangue
Qui en mauvaise soeur
A roulé sans amasser mousse
Dans l’écume de vos jours.
Et qui telle une vieille cruche
Tant allée aux fontaines des chagrins
Qu'à la fin, elle s’est cassée.
S'est tirée même, avouez-le.
Sale coup dirons-nous.
Carrément mal avisée, elle fut.
Vous êtes imbibé de noir. Il suffit.
Prenez donc un petit coup de blanc, bien frappé.
Il n'est pas trop tard encore!
Mon frère
Dormez-vous?
Voyez les couleurs sous vos paupières.
Vous rougissez?
Vous y avez mis trop de formes.
De celles qu'il fait bon caresser, n'est-il pas?
Venez contre moi.
Serrez-moi la main, bien fort.
Prenez-moi, au mot. Votre pied aussi.
A bras le corps!
Assez de pas assez, assez!
Il est si bon d'avoir trop bon!
Sus à vos levers gauches.
Virez de bord.
A tribord, toute.
Rondement, cette fois.
En cercle initiatique.
Plus droit à l'erreur
Place à la quadrature du coeur!
Paille ou poutre, vous pouvez choisir!
Aspirez la vie au soleil de mes yeux
Plutôt qu'à l'ombre obscure des vôtres
Fossoyeuse de lumière intérieure.
Qu'elle soit donc!
Soyez aussi, vous! La question n'est plus là.
Faites-en votre viatique.
Tantrique, s'il vous en plaira.
Venez donc, que je vous aborde.
Mon corps déborde de vous le dire.
L’heure est au gavage d’âme, le saviez-vous?
Finies les errances des oies sauvages !
Puisez dans vos sens
Dans vos émotions contenues.
Dans vos cadeaux de toujours
Aux rubans non dénoués encore.
Glissez sur les crêtes et utilisez les creux !
De reins même si vous voulez.
D’un bon coup, explosez-vous ou remplissez-vous!
Du tout et de son contraire.
Du plein et du vide
Du plein de vide
Du vide de plein aussi, si vous préférez!
Ne sont-ce ces presque rien qui font toute la différence?
Mais tout cela n'est rien, vous le savez bien ...
Rien de rien, non
Ne regrettez rien ...
Je vous entends déjà piaffer,
Cheval fou que vous êtes.
Galopez, galopin !
Vous n’êtes plus un chérubin ! Que diable!
Visez la lune et les étoiles
Pour ne pas vous noyer
Dans le remplissage d'âme factice.
Otez votre licou et votre muselière.
Débridez votre folie,
Perdez votre pur sang froid
A chaud, s'il le faut!
Cessez de vouloir tout contrôler.
Jetez votre cravache par dessus les derniers remparts
De la raison du plus fort.
Perdez-là,
Pour la bonne cause au moins!
Mon ami, mon frère
Tous ces mots ne sont que peu de choses
Qui forment un tout.
Je vous les ai dit
Parce qu'un jour vous me devîntes presque tout
Et que vous n'en sûtes rien!
philomonique - copyrighted janvier 2009
Photo: Famke Backx
Tout le monde est venu. Personne n'aurait osé ne pas en être, du fameux repas de Noël de la boîte. D'abord, le cocktail, cela va de soi, dans une belle salle de restaurant réservée à cet effet. Les hommes ont mis la veste qu'ils tomberont plus tard, les femmes ont sorti leur fameuse petite robe noire moulante du placard pour attirer les regards qui les déshabilleront bien assez tôt.
Alice a avalé sans hésiter la coupe de champagne que le serveur lui présentait. Elle n'est pas très buveuse, mais autant se donner une contenance que le contenu du verre va renforcer. Elle a d'ailleurs très envie de pétiller ce soir, de faire des bulles, de nacrer les perles des uns et des autres qu'elle enfilera pour s'en faire des colliers de souvenirs. Instinctivement, elle a porté sa main à son cou et ses doigts ont caressé distraitement le petit lapin de Playboy en or dont l'œil en brillant réfléchit les feux cachés de chacun. Son pendentif s'est enfoncé dangereusement dans l'échancrure de son chemisier de soie noire, frôlant sa peau satinée, elle a soupiré. N'a-t-elle pas troqué ce soir, son informe uniforme pantalon beige contre une jupe droite moulante, à carreaux rouges, noirs et blancs pour faire honneur à l'entreprise ?
Ce soir, elle sera Femme et non collaboratrice. Sa jupe, franchement fendue sur le coté, dégage avec audace à peine dissimulée le galbe d'une de ses cuisses. Personne ne se douterait au premier regard que ses bas noirs transparents ne dépassent pas la mi-cuisse. Seule une main posée par inadvertance sur le bas de son dos pourrait déceler l'absence de tout autre tissu sous son jupon coloré. Elle a souri, ses yeux se sont éclairés de l'intérieur, ses lèvres se sont entrouvertes, laissant planer un petit je ne sais quoi de douce moquerie espiègle.
Il est arrivé enfin, son supérieur hiérarchique. Après toutes les salutations d'usage, les formules de politesse, les mains serrées d'une bonne poigne, les accolades, il s'est enfin approché d'elle, le regard appréciatif, s'écartant avec bonhommie pour la détailler des pieds à la tête. Sa question est venue par surprise mais elle n'en a pas été étonnée...« Dites moi, Alice, il y a longtemps que je désirais vous le demander ! Pourquoi ce lapin pendu à votre cou ? » La réponse n'a pas tardé à fuser : « Pour que vous me posiez la question ! » a-t- elle répondu, en riant, l'effrontée !
Ce n'est pas la première fois que son sens de la répartie fuse en sa présence, même à ses dépens... Une fois, lorsque sa période d'essai allait prendre fin, un matin où elle aurait aimé avoir davantage de boulot, elle s'est rendue dans son bureau, et l'a interpellé de but en blanc : « Dites moi, Jean-Louis, n'auriez-vous pas quelques dossiers à me passer pour vous décharger, vous comprenez j'aimerais vraiment vous soulager ! » Et il est parti d'un énorme éclat de rires qui l'a laissée complètement interdite. Il a osé se moquer, ce goujat, de sa bonne volonté ! Elle n'a pas immédiatement compris le double sens de ses propres mots mais il ne lui a pas fallu longtemps pour réaliser son lapsus et elle a dû se retenir de ne pas lui rétorquer: « Mais où donc avais-je la tête !! ». Sa langue a fourché, soit ! Au moins les journées se font plus légères ainsi. Elle sera toujours habitée par l'envie de s'amuser des situations cocasses même dans les moments les plus sérieux. C'est ainsi. Et pas autrement !
Alice est un peu troublée par le magnétisme que dégage son employeur, mais elle n'en laisse rien paraître, jamais. En elle, le tumulte et le feu couvent. Gare à l'explosion torride!
Les tables ont été superbement dressées. Les assiettes aux enseignes du fameux établissement et les coupes de cristal sont disposées comme il se doit, les couverts en argent sont magnifiquement alignés sur les serviettes. Rien ne manque. Ce sera un repas de rêve. Jean Louis lui a pris la main et l'a dirigée vers sa chaise toute proche de lui. Il l'a décidé ainsi, elle sera à ses côtés ce soir. A sa gauche. A sa droite il a installé son associée, une belle grande rousse, très à son avantage ce soir, elle aussi ! En face d'eux, les 2 juristes indépendants de la boîte, déjà plongés dans des discussions sur les derniers procès en cours.
Enfin, tout le monde s'est assis. Quelques coups légers sur un verre de cristal pour attirer l'attention et le silence s'est fait. Le discours de remerciements, d'encouragements de Jean Louis n'aura pas duré trop longtemps. Le repas délicieux est enfin servi à la lueur des bougies, le vin versé abondamment dans les verres, les langues se délient, les corps se détendent, des cravates se dénouent, des vestes s'accrochent au dossier des chaises, quelques femmes ont les joues en feu et les yeux brillants de se sentir belles et désirables.
Alice, plutôt bonne fourchette, n'a pas prêté attention aux derniers mots qui se sont perdus dans le brouhaha général. Elle va gracieusement porter une dernière bouchée de pâtes à ses lèvres quand soudain elle se fige, le manche de la fourchette à la main. Bouche bée l'espace d'une seconde, elle a senti sur sa jambe la paume gauche toute chaude de Jean-Louis qui remontait doucement vers le haut de ses cuisses, là où le bas termine sa course, arrêté par une dentelle accrocheuse. Elle a frémi, ses narines ont palpité, son souffle s'est accéléré. « Il n'y va pas par le dos de la cuillère, tout de même, cet homme ! » Elle le savait entrepreneur. Elle le reconnait entreprenant également. Du genre « découvreur » de talents et aussi de bouts de peaux cachés.
Elle a frissonné et ses seins se sont tendus sous la soie. Un des juristes a retenu son regard avant de baisser les yeux sur le tissu de son chemisier. Elle a rougi, elle en est sûre. Complètement démontée, soucieuse de garder un semblant de contrôle, elle a hésité rapidement entre en faire tout un plat ou crier au scandale. Elle a finalement opté pour la diversion et a laissé tomber sa serviette par terre. Elle s'est glissée agilement sous la table, pour l'y récupérer ainsi que son souffle et son honneur presque perdus. Un bref instant, ses yeux dans la pénombre ont balayé les dessous de table.
Pas de Bakshish ici, mais des pieds bien chaussés ou déchaussés pour respirer, des jambes pantalonnées ou dénudées, Comme celles blanches et laiteuses de la charmante associée rousse qui n'a sans doute pas supporté la sensation des bas sous sa robe et a profité d'une absence au petit coin pour les ôter au passage. En contrebas des nappes, il s'en passe de drôles de choses, c'est un monde en soi, plus trop en soie justement.
Alice a les yeux qui se sont écarquillés. Sous la robe de la rouquine, une main. Pas la sienne, non. Celle de Jean-Louis, son autre paume, plus adroite, la fouineuse et voyageuse, la chercheuse et trouveuse, la ciblée et agile. Et deux jambes de rousse qui se sont refermées sur elle, puis se sont écartées en rythme. Alice a respiré avec difficulté. Savait il qu'elle voyait ce qu'il faisait ? Des images ont défilé devant ses yeux, Sa fantaisie s'est vue décuplée par le vin et par le désir qui remplissait le creux de ses reins. Elle a imaginé les grandes moissons qu'il entreprendrait avec la fourche et son manche, pas les moissons du ciel, non, plutôt celles de l'enfer tel qu'elle le ressentait ce soir au fond d'elle-même. Elle a rêvé la grange où il s'engouffrerait, elle a respiré les foins où ils se rouleraient, entendu les vieilles motos pétaradantes qu'ils enfourcheraient à nu ensemble, admiré les chevaux sans selle qu'ils monteraient, galopant à n'en plus finir jusqu'à ce que l'écume jaillisse de leurs naseaux ...
Puis soudain, sa colère a grondé, plus forte que son désir à présent. Elle s'est relevée d'un bond, et sans même réfléchir a empoigné sa fourchette, tristement abandonnée dans l'assiette. Elle a poussé un cri de guerre qui a stoppé net Jean Louis dans son mouvement caressant. Tous les autres aussi ont sursauté. Alice a alors planté d'un coup sec les quatre dents aiguisées de son ustensile sur le dos de sa main gauche en criant « salaud ! ». Et il a hurlé comme un fou. Tout le monde a hurlé. Puis un grand silence. Une atmosphère à couper au couteau !
Alice s'est alors éclipsée. Elle est repassée de l'autre côté du miroir, son lapin autour du cou.
Il était grand temps de retourner au pays des merveilles!
philomonique - copyrighted décembre 2008
Nous nous élançâmes dans une allée traversière.
« Flûte ! » m'avez vous mielleusement susurré à l'oreille, me gardant bien à vous, menottée à vos mains menues.
Soudain, au clair de la lune et à la croisée des chemins buissonniers, sans raison vraiment, encore haletants, nous le rencontrâmes, ce paradis perdu retrouvé où l’espace temps s’écoulait au goutte à goutte sans faire de comptes d'apothicaire...
Nous vîmes danser la mer, celle des golfes clairs aux reflets d'argent liquide que nous avions depuis longtemps dilapidé.
Nos pieds s’enfoncèrent peu ou prou dans le sable alors que primesautiers nous sablâmes le champagne puis le renversâmes sur nos flûtes enchantées de tant de déraison, nous sustentant au passage de salés en pâtés ou de sablés sucrés en grains, oubliant la route sinueuse et insidieuse tout derrière qui nous avait mené là presqu' en bateau.
Nous fîmes la fête sans que jamais la coupe ne fût trop pleine, ni que nos débordements ne nous laissassent sur notre faim de loups marins.
Nous perdîmes pied au petit matin, fut-il jamais pris, lorsque la marée se fit haute en vagues à l'âme de fond et qu'emportés par les flots de nos émotions nous goutâmes du bout des lèvres et sans plus de mesure à l'eau-de-vie du point de presque non-retour.
Mais l'appel du large a ses étroitesses aussi...Au soleil levant, épuisés d'avoir osé le contre courant, et pour ne pas sombrer dans le vaudemer sordide, nous nous vîmes forcés de reprendre nos colliers et de libérer nos menottes d'une nuit.
Nous nous restâmes attachés, bien longtemps après encore...Et je vous assure, ce n'est pas du pipeau!
philomonique - copyrighted novembre 2008