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Au large de tout

Publié le par philomonique

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Croatie, août 2010- collection perso
           
 
J'ai perdu la quintessence. La lumière fuit. Obscurément.
Bien des amis de route ces derniers mois ont mis les voiles, hissées haut. Autres mers, autres pays, coeurs et âmes à sauver, projets insensés à senser, miracles palourdiens à photographier au large de Lourdes, recettes de vie à faire fondre en d'autres palais, écriture à peaufiner, à cerner, poser et déposer, tableaux à mettre en autre lumière, chants des sirènes à transcender sans fausses notes.
Bien des amis de route se sont tus, s'évanouissant derrière le mur du son zéro, comme le font les silencieux au long cours qui suivent la piste de leurs étoiles, bonnes et mauvaises, en fileurs solitaires à visée haute.  
Tout n'est que passage.  -"Je vais et je viens, tu vas, bien ou pas, tu fais la malle, la jettes, lèves l'ancre, il vient et repart, nous allons et revenons, ils changent de cap...  - "Ah vous revoilà?"  Voilà bien la seule foutue constante, impossible à désincarcérer de l'amovible en mouvance.
Bien des amis de route ont disparu. Que de gerbées de talents s'en sont allées, qu'une seule once de vague n'a pu noyer!
Non touchée ce soir, j'erre. Sans terre. Piètre citoyenne du monde et des blogs. Sans patrie du coeur. J'ai bien des cartes d'ID fixes, mais elles sont mortelles. Sans celles du tendre, sans conscience réveillée, sans Intelligence Service je tourne comme une toupie dans une masse d'eau fondant à vue de sens.
Où sont les créations, musiques, chansons, poèmes, textes, oeuvres de maître de maison-vie qui deviendront l'essence en substance, vibreront mes émotions, lâcheront mes amarres, affoleront mes sens de l'humain et du surhumain sous feux d'artifice, sans atours ni attrapes, sans Audimat à la clé.
Où sont pendues les émotions, à quel crochet de l'établi, du bien établi qui ankylose l'inspiration, désespoir vautré aux entrailles ?  La monstre toile noyeuse embue, englue, conspue.
Je sens mon errance cette nuit. Je la relève, irrelevante, à fin de non-recevoir. Comme une fièvre agonisante, une maladie en pente douce, un schuss de sortie avant la pirouette et la neige en pluie blanche écumeuse dans la bière. Avant la gueule de bois. J'ai l'ivresse noire, sans boire de verre, ni la tasse.
Je sens l'absence, le vide de mots, le rien, le « pas dit mal dit », le non-réfléchi, le mal citoyen, le point zéro.
S'attraper par la peau des fesses. S'agripper au non conforme jubilatoire. S'interroger sur le pourquoi de la fin possible, sur le début de réponse toute faite qui agite les pensées du bien pensant mal barré. Tourner les talons. Faire volte face à "autre chose".
"- A "autre chose"? -Mais quoi?"
Je m'emmène en absence, comme l'ombre cherche le repos des lumières factices. 
Au large de tout.
 
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted septembre 2010
 
 
 
 
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