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souvenirs personnels

Comme au cinéma

Publié le par philomonique

 

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Nous quittons le cinéclub. Les yeux pleins de rêve. Une soirée comme je les aime. Voir un bon film d’auteur en bonne compagnie, y a qu’ça qu’est bon!
Corinne m’a accompagnée. Ma voisine n’a que 16 ans, mais sa culture m’épate. Grâce à elle, j’ai appris à connaitre Reggiani, Samson, Leforestier et d’autres. Elle m’a offert un livre de poésie où déposer mes mots pour mes 18 ans. J’en ai été si  touchée. Alors, je lui dois bien un peu de culture cinématographique.
Il fait nuit, il fait froid. Nous attendons le bus, rare à cette heure tardive. Enfin le voilà. Impatientes, nous nous précipitons sur la seule banquette libre, dos au conducteur. Joyeuses et libres, nous rions encore de notre soirée bien réussie.
En face de nous, un homme. Une balafre strie sa joue gauche de haut en bas. Ses cheveux noirs en pagaille, sa barbe naissante, ses vêtements froissés nous mettent passablement mal à l’aise. Il a bu, c’est certain. Nous baissons le ton pour ne pas nous faire remarquer, encore sous le coup de l’intrigue, du jeu des acteurs, de nos émotions. Soudain, un geste furtif de notre vis-à-vis. Sa main qui glisse d’une poche intérieure à une poche extérieure,  ou est-ce le contraire? Corinne me murmure : “tu as vu le reflet?”. Je lui réponds agitée mais aussi discrète que possible : “oui, une arme, merde!” Ne pas croiser ses yeux. Ne pas montrer que nous savons.
Prochain stop. Peut-être va-t-il descendre? S’il vous plait, oui, faites qu’il descende! Mais non, il reste là assis, à ne pas nous regarder, le corps chargé de violence, ses gestes imprévisibles, pendant que nous nous liquéfions sur place. Je murmure à l’oreille de mon amie, après tout je suis son aînée, je dois la protéger, je suis mon instinct. Je lui dis de ne pas s’inquiéter, de me suivre sans discuter au moment voulu.
Notre arrêt s’annonce, nous nous mettons debout, à la hâte, mais sans trop le montrer j’espère. Le gars se lève aussi. J’entends sa respiration dans mon cou. Cette odeur d’alcool me révulse. Au secours! Les portes s’ouvrent. Juste une marche à descendre. Il se colle à moi, me poussant sans manières. Je trébuche. Me rattrape à la barre de porte. Faire comme si de rien n’était. Ne pas réagir. Je prends la main de Corinne. Nous avançons vite, d’un pas régulier qui pourrait sembler normal. Surtout ne pas se retourner. Je le sens dans mon dos à quelques mètres, je perçois le bruit de ses pas. Va- t-il nous suivre?
Le danger me donne des ailes et un stoïcisme que je ne me connaissais pas. Nous nous engageons dans la rue. Par le trottoir côté droit. Encore quelques mètres et nous serons en sécurité. Je jette un coup d’oeil furtif par-dessus mon épaule, il le faut bien. Il n’est plus derrière nous, ouf! Oh… non! Il marche sur la rive gauche, bientôt il sera à notre hauteur! Il nous observe, de ses yeux noirs, le sourire mauvais. S’il ne faisait pas si sombre je pourrais franchement croire qu’il ricane.
Pas une seconde à perdre. Mes mains tremblent. Introduire la clef dans la serrure du lourd volet métallique qui protège la boutique au-dessus de laquelle j’habite. Le relever avec force. Nous engouffrer au plus vite. Le rabaisser. Vite ! Pourvu que le gars ne traverse pas ! J’ai le cœur qui bat à tout rompre. Corinne est livide. Presque paralysée. Dans notre fébrilité, nos gestes se font maladroits, le mécanisme se coince dans la redescente ! Il faut remonter le volet d’un coup sec et le rabattre une fois de plus pour qu’enfin il touche le sol ! Ca y est ! Nous sommes en sécurité !
Par un trou laissé libre dans le métal, je trouve la force d’inspecter le trottoir d’en face! Notre homme est à l’arrêt! Il a dû observer notre empressement. On dirait que ça l’amuse. Mais il se remet soudain en mouvement. Soulève le  couvercle d’une des poubelles déposées pour le ramassage. Y jette quelque chose. Je n’en crois pas mes yeux ! L’arme? Puis il pivote et semble observer l’endroit où tétanisées, nous retenons toujours notre respiration. Quelques terribles secondes agonisent. Va-t-il venir jusqu’à nous ? Non. Il se détourne et continue son chemin. Ouf! La voie est enfin libre, je peux raccompagner ma jeune voisine jusqu’à sa maison.
Une soirée ... comme au cinéma !
 
 

Inéluctable          philomonique - copyrighted juin 2013

 

 

Publié dans Souvenirs personnels

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Trop fort, ce destin!

Publié le par philomonique

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Avril 1979
Bien que mon permis de conduire théorique soit en vigueur depuis 3 ans, je n’ai pas encore eu l’occasion de le mettre en pratique. Il faut dire que je suis plutôt  bonne marcheuse, la ville de Liège à pieds, ça me connaît, de long et en large, de haut en bas, de bas en haut, par les quais, et par les vieilles ruelles. Quant aux transports en commun, ils n'ont plus aucun secret pour moi.
Mais le besoin d’émancipation me démange intensément. Envie d’être libre, de voir plus souvent mes nouveaux amis qui habitent de plus en plus loin. De me déplacer surtout, et sans dépendre de quiconque.
Quelques semaines déjà que la Volvo 144 S rouge de mon père, encore bien conservée pour ses 13 ans mais inutilisée depuis des mois, me nargue de son parking du quartier où elle semble absolument végéter. Car bien que ne pouvant s’en séparer, mon paternel vient de faire l’acquisition d’une BMW 730 flambant neuve, bleue marine cette fois, plus discrète. (Toujours vivante aujourd’hui, elle est devenue pratiquement objet de collection !) La Volvo pendant ce temps, elle sert à… à… à vrai dire, je n'en sais fichtre rien. Elle se languit, c'est évident!
Alors je prends mon courage à deux mains et entame les pourparlers avec mon paternel pour qu’il m’accorde la grâce d’utiliser son tacot rubicond, qui ressemble plus à un char qu’à un véhicule adapté à mes besoins de jeune femme. Mais qu’importe, l’occasion est trop belle.
Pour convaincre mon géniteur, je lui fais remarquer que j’ai tout de même quelques heures de conduite à mon actif. Pendant les dernières semaines j’ai réquisitionné mon petit ami qui s’est prêté généreusement au jeu de me laisser diriger la voiture de sa mère. Celle-ci ne se doute aucunement, la pauvre, que j’ai souvent pris le volant pendant les 60 km d’autoroute aller-retour qui séparent nos domiciles alors que son fils bien aimé est supposé me chercher et me ramener en jeune homme bien élevé, qu’il est d’ailleurs. Je ne compte plus les innombrables manœuvres sur des routes désaffectées ni les freinages brusques ni les dépassements où le pauvre véhicule et mon camarade en ont vu des vertes et des pas mûres. Un martyr pour les deux, c’est sûr. Mais comment devenir experte autrement ?
Ah ça y est, extra, mon père est d’accord, j’aurai le monopole de la Volvo, mais, mais, mais ... auparavant, je vais devoir lui prouver que je peux vraiment la conduire. Alors c’est parti pour quelques heures de conduite avec, à la clé, pas mal d’engueulades.
Eh oui, je n’aime pas ses critiques ! Car il est pointilleux et exigeant, ne se gêne pas de faire des commentaires féroces sur mes entrées au parking où je prends trop serré, sur mes décélérations trop brusques où j’oublie de débrayer et changer de vitesse, sur mes virages un peu courts ou trop larges, sur mes démarrages en côte bien peu assurés encore…
Je n’ai pas de problème pour me garer par contre. Au moins ça! Ce serait tellement génial de l’entendre me dire: « Ma fille tu te débrouilles comme un chef » Hélas, on peut rêver…  A la place ? Une vraie bataille d’égos ! Il a le don de me faire perdre mes moyens et bien sûr moi je ne rêve que d’exceller pour mériter cette fichue voiture. Quel stress !
Mais miracle, cette formation explosive va être de courte durée, mon père se décide enfin à me faire confiance, lassé par les tensions. Je n’ai donc pas d'autre choix à présent que d'être à la hauteur !
 
Juillet 1979
Voilà un bon moment déjà que je vais et viens au rythme de mes visites et sorties. Je suis fière de moi, j’assume bien la conduite du « camion » (comme j'aime le surnommer car franchement mastoc). Je le respecte et le crains encore un peu. Mais je me sens enfin prête pour une plus grande excursion. Ca tombe bien, mes parents sont partis quelques jours au bord de mer, à 200 km de là. Occasion idéale, je vais aller les y rejoindre en fin de semaine pour une nuit. Un aller-retour bref. Chose prévue sera chose faite.
 
Samedi matin 
L’aller se déroule sans encombre. Je jubile et profite à fond de mon petit séjour balnéaire. 
 
Dimanche 21 heures 
Je reprends la route d'assaut au volant de ma berline rouge. Je me suis habituée à sa masse, je m’y sens bien, en sécurité, bien qu’encore sur mes gardes et extrêmement vigilante, la nuit tombant à présent.
 
Dimanche 23 heures 
Je rentre en ville de Liège. Les boulevards sont déserts, pas de problème de circulation. J’arrive à hauteur de ma rue. Plus que quelques mètres avant la maison. Je vais devoir virer légèrement à droite pour me garer le long du trottoir dont le chevauchement est bloqué par 3 poteaux bétonnés au sol, reliés par des chaînes métalliques.
Mais tout se corse. Encore bien à la joie de mon sans fautes sur 400km, mon attention se relâche … et crac,  je vire trop serré ! Crac ou scratch plutôt…, car j’enroule tout le côté droit de la Volvo dans le premier poteau ! La poisse. Et juste à l’arrivée en plus.
Comment est-ce possible ? Je m’arracherais bien les cheveux. Je dois certainement hurler. Je descends pour constater les dégâts. Quelle catastrophe… La voiture est bien endommagée, enfoncée dans le milieu droit, griffée d’avant en arrière. La honte!
Mon cerveau fonctionne en mode turbo. Mes parents rentrent dans 3 jours et je ne veux pas subir les foudres de mon père, ni courir le risque de me voir privée de véhicule (on ne sait jamais…). Il faut que je trouve une solution. 
 
Dimanche, 23 heures 10 
Je me précipite dans l’entrée, saisis mon téléphone et appelle mon meilleur ami. Je sais que l’heure est tardive mais il décroche et je lui explique mon problème : j’ai besoin de l’adresse d’un bon carrossier qui puisse me faire le boulot en 3 jours ! Il me rappellera demain. Bon, c’est clair, tout le monde dort la nuit. Pourvu que ça marche. Oui, ça va marcher ! 
 
Lundi, 09 heures 30 
Mon pote, adorable, me rappelle enfin. Je reçois un nom, un client de son frère avocat qui est prêt à lui/me rendre service en « ami ». Ouf, car ce n’est pas une mince affaire de trouver un garagiste prêt à faire le boulot dans un si bref délai. Mais il est vraiment sympa en plus. Je crois que le cocasse de la situation le fait bien marrer. Ou est-ce mon charme qui opère ? La voiture sera prête mercredi à midi. Mes parents rentrent mercredi soir. Ce sera parfait. 
 
Mercredi, 12 heures 
La voiture est prête, je paye comptant. Sous la manche. Pas de traces. Ni vu ni connu. Le carrossier m’explique encore, en insistant bien, que la peinture n’est pas encore tout à fait sèche et qu’il faut éviter tout frottement pendant au moins 48 heures. Qu’à cela ne tienne, l’engin sera garé à sa place et personne n’y touchera. En tous cas, sûrement pas moi. Tout est bien qui finit bien. 
 
Mercredi, 20 heures 30 
Retour des parents. J’affiche mon visage des bons jours. Un ange.
- « Tout s’est bien passé pendant notre absence ? »
- « Impeccable, rien à signaler ! » 
 
Jeudi, 13 heures 
Mon père arrive un peu contrarié pour le déjeuner. Nous l’interrogeons sur la raison de son irritation.  Enervé, il raconte que ce matin, il y a eu un petit imprévu, un colis urgent à charger, il a donc exceptionnellement choisi de conduire la Volvo, plutôt que la BMW garée trop loin. En la ramenant à son parking, il a viré trop serré et a éraflé tout le côté droit de la bagnole contre la colonne en béton !!!!
 

Trop fort ce destin!

 

Inéluctable philomonique - copyrighted mars 2010

 
 

 

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In Connection

Publié le par philomonique

 
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Ralph Verano original CONTEMPORARY Gallery Art
 
    
Elle s’appelait Hilda. Jamais je ne l’oublierai. 
Orpheline débarquée du Limbourg belge à la recherche d’un travail en région liégeoise, elle avait été heureuse d’avoir pu trouver très vite une famille adoptive en la nôtre. Elle s’exprimait surtout en flamand et son français resterait bancal jusqu’au bout, mais nous nous comprenions bien, elle et moi. 
Depuis ma naissance en 1956 jusqu’à son union en 1969 avec un ancien du Congo belge dont elle héritait par alliance de deux grandes filles métis à éduquer, elle fut la fée de notre logis qui prit soin de moi, de nos repas et de l’intendance pendant que mes parents menaient leurs affaires ailleurs. Au cours de ces 13 années, je fus indubitablement  l’ersatz  d’enfant qu’elle ne pourrait jamais avoir, hélas. 
Il arrivait qu’au sortir de l’école, elle m’emmenât en visite chez sa seule sœur vivant en pays wallon et gérante d’une boulangerie-pâtisserie à quelques rues de là. Pendant qu’elles bavardaient intensément en dialecte flamand assises dans la petite cuisine adjacente au magasin et que le mari dormait à l’étage avant d’enfourner ses pains  en cours de nuit,  je filais souvent en douce vers l’atelier où d’innombrables gâteaux et tartes étaient confectionnés pendant la journée. 
Le pâtissier, que je trouvais franchement beau, m’était très sympathique. Il m’accueillait toujours avec un plaisir non feint, apparemment content de me faire la causette, de m’expliquer comment se fabriquaient toutes ces délicatesses. La plupart du temps, une machine énorme tournait au sol, qui mixait toutes sortes d’ingrédients (beurre, sucre et autres) pour former une crème délicieuse, blanche, verte ou moka, riche et onctueuse, qui servirait à fourrer ou décorer les pâtisseries dont je rêvais d’engloutir toutes les sortes. Je m’accroupissais alors pour en humer les effluves non sans interroger d’un regard en coin mon ami pâtissier pour recevoir sa permission de plonger mon index dans le mélange tout frais et y récupérer une bonne ration de crème en la léchant à même le doigt. Complice, il me faisait un clin d’œil en ajoutant, « oui, mais rien qu’une fois, hein ! » et moi je profitais de son dos tourné pour recommencer… Ce n’était franchement pas la panacée en matière d’hygiène mais cela ne semblait pas le traumatiser. 
J’y repense souvent en mordant dans un appétissant gâteau à la crème, me demandant quel doigt y a trainé sur le chemin de sa fabrication… ! 
Je me souviens de ce jour particulier de juin 69 où Hilda nous a quittés pour vivre sa nouvelle vie. Elle avait insisté avec son futur mari pour me déposer au goûter d’anniversaire d’une camarade de classe avant de s’éclipser de mon quotidien. Mais toute à mon excitation de rencontrer le fameux grand frère de ma copine qui serait le seul garçon présent, j’ai expédié les adieux sur le pas de la porte, m’enfuyant vers la pièce d’où parvenait la musique. Que dire…J’avais 13 ans et j’avais envie de danser, de m’amuser, pas d’être triste. Pourtant je l’étais. Le montrer ? Difficile. Inconscience ? Ce que les enfants peuvent être durs parfois… 
Peu après nous avons déménagé. Puis les années ont passé. Sporadiquement, Hilda appelait ma mère pour prendre de nos nouvelles et nous donner des siennes. Peut-être est-elle passée nous voir l’une ou l’autre fois pendant les 6 ans qui suivirent mais cela reste un peu flou dans ma mémoire. Sans doute, n’étais-je pas présente ces jours là. Elle semblait faire partie d’une autre vie que j’occultais. 
J’allais avoir 19 ans en  juin 1975 quand quelque chose d’étrange se produisit. 
Au petit matin, encore endormie,  je fis un rêve d’une intensité anormale. Presque réel. Il se déroulait dans l’atelier de la boulangerie-pâtisserie où je n’avais plus mis les pieds depuis une éternité. Hilda était à mes côtés et je m’adressais à elle. Mais elle ne me répondait pas, se tenait plutôt le ventre, presque pliée en deux, le visage marqué par la douleur. 
Je me réveillai complètement perturbée. Cet instant onirique inhabituel était d’une acuité étonnante et le lieu surprenant, je n’avais pas le souvenir d’en avoir jamais rêvé. Incapable d’y trouver une explication tangible et passablement inquiète, je relatai mon aventure à ma mère avant de quitter la maison à la hâte pour assister aux cours. 
A mon retour l’après-midi, quelle ne fut ma surprise lorsque ma mère se précipita vers moi avec ces mots : « Hilda a appelé ce matin, elle est à l’hôpital, on vient de l’opérer d’urgence d’un problème abdominal très sérieux, elle a très mal et elle pense beaucoup à nous, à toi ! » 
J’ai sûrement dû frissonner, je le sais. Des liens puissants existaient donc entre les êtres, dont je ne soupçonnais pas la force. Hilda m’avait envoyé ce message et je l’avais reçu. Nous faisions partie de ses souvenirs les plus heureux. Nous avions été sa vraie famille, plus encore que celle reformée  par son mari et ses filles adoptives. J’étais à jamais sa fille de cœur, sinon comment tout expliquer ? 
Quelques années plus tard, alors que je vivais déjà à Bruxelles,  un soir je l’ai appelée. J’avais besoin de lui parler. De lui dire qu’elle avait compté pour moi. De l’encourager. J’aurais aimé la rencontrer encore. Elle a fortement  insisté pour que cela se fasse. Cela ne s’est pas fait. Je ne savais pas que je ne la reverrais pas. Mais elle le savait. 
Peu de temps après, pour mes 27 ans, j’ai reçu une carte contenant quelques petites reliques qu’elle avait conservées. Il y avait mes premières dents de lait, quelques photos de moi gamine, une photo d’elle aussi, au meilleur de sa forme depuis longtemps perdue. Et aussi, écornées, les pages arrachées du Jours de France où je figurais petite fille en arrière plan de Nathalie et de son père Roger Vadim, les mêmes qui ont servi d’illustration sur un autre article de mon blog…. 
Elle s'appelait Hilda. Nous avons été connectées. Jamais je ne l'oublierai.        

 

Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010

 

 

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Ma création ne s'est pas faite ce jour là!

Publié le par philomonique

Ma création ne s'est pas faite ce jour là!
(Le ponton de l'Hôtel "Tahiti Plage" de nos jours)
 
 
Il y a bien longtemps, dans une autre vie, mes parents ont aimé (et moi tout autant) passer leurs vacances à St Tropez. A l'époque ce n'était pas comme aujourd'hui, il y avait franchement moins d'affluence et moins de "bling bling". Bien sûr, je les accompagnais partout. 
C'est ainsi qu'un mois de juin du début des années 60, j'ai raté une occasion unique, à "Tahiti Plage", juste à deux pas de la Madrague de BB. J'avais 6 ou 7 ans.  
J'adorais m'amuser des heures, seule, au bout du ponton, à jeter mon ballon en l'air et à m'élancer dans l'eau avec ma bouée pour le rattraper. 
Ce jour là, une petite fille de mon âge est venue se joindre à mes jeux. Elle s'appelait Nathalie. 
Nous avons passé des heures ensemble à nous passer la bouée à tour de rôle et à nous jeter fougueusement à l'eau. 
Puis son papa est venu me demander si je voulais bien leur prêter ma bouée et ma balle, le temps d'immortaliser en quelques photos la première leçon de natation de sa fille. J'ai dit "oui" , évidemment! Une jolie jeune femme l'accompagnait. Je supposais qu'il s'agissait de sa maman. 
J'ai donc regardé, très intéressée, le photographe faire son travail. Puis nous avons continué tranquillement à jouer ensemble, dans l'insouciance de l'enfance. Pareil les jours suivants. 
Une fois revenus en Belgique où nous résidions, mes parents, qui venaient d'ouvrir le dernier "Jours de France", se sont exclamés en le feuilletant: "Oh....c'est incroyable!" 
On y reconnaissait en double page: Roger Vadim, sa fiancée Catherine Deneuve, Nathalie, fille du réalisateur et d' Annette Stroyberg, mais aussi, sur le coté, ô surprise, ma frimousse de gamine curieuse! 
Longtemps après, mes parents m'ont confié que Roger Vadim leur avait demandé l'autorisation de m'emmener sur son bateau pour accompagner sa fille mais, que pour des raisons qui leur étaient propres, alors même qu'ils l'avaient reconnu, ils avaient refusé. Pourquoi? Par peur et volonté de me protéger, sûrement.
Donc...ma création ne s'est pas faite ce jour là!
 
 
Inéluctable philomonique -copyrighted janvier 2010
 
 
 
 
 
 
 
 

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Destin, vous avez dit Destin?

Publié le par philomonique

             
Bellecote-Courchevel.jpg     
Courchevel 1850, Bellecôte, années 70 - Collection perso
 
Dans les années 70, mes parents m'emmenaient à la montagne  pendant les vacances belges de Carnaval pour que la petite bronchiteuse de 13-14 ans que j’étais puisse profiter du bon air frais en altitude. 
Courchevel leur semblait la destination idéale et je ne m’en plaignais pas. De plus, l’hôtel était situé sur les pistes, ce qui permettait départs et retours skis aux pieds. 
Mes parents avaient pas jugé opportun pour ma santé de me faire manquer l’école 14 jours ou lieu des 7 légaux, et je n'y trouvais pas mon compte car presque tous les autres enfants de France et de Navarre n’avaient droit, eux, qu’à une semaine de vacances. Du coup, quand ils repartaient chez eux à la fin de leurs congés, les cours de skis enfants de ma seconde semaine étaient désertés. Ce qui m’obligeait à fréquenter les cours de skis pour adultes et c’était franchement moins marrant. 
Par contre, comme j’étais bonne skieuse, et que derrière mes grosses lunettes et mon bonnet, on me donnait bien 16 ou 17 ans, les adultes n’y trouvaient rien à redire! Je me contentais de coller mes skis à ceux du moniteur et de mordre sur mes lèvres pour ne pas pleurer quand je me payais une gamelle douloureuse … Et comme je fonçais, c’est arrivé plus d’une fois … 
Nous voici donc en 1970 ou 71. Nous sommes le lundi, celui de ma deuxième semaine. La mine un peu allongée à l’idée de devoir me joindre au cours pour adultes pendant les jours suivants, je me rends en trainant la patte au rassemblement des cours de ski. 
Ô miracle, un jeune garçon se tient devant le panneau « compétition enfants ». Je ne suis plus seule ! Nous nous présentons, Henri, Monique. Chouette, nous avons le même âge ! Notre moniteur arrive aussi, nous expliquant que nous aurons quasiment un cours particulier vu que nous ne sommes que deux. Pur luxe quoi! Voilà une semaine qui se présente sous les meilleurs augures ! Et nous partons tous azimuts sur les pistes pour une journée à marquer au fer rouge, comme chacune des suivantes d’ailleurs. Le top du top. 
Mais le premier jour de ski prend fin déjà, trop vite. Lorsque nous atteignons comme prévu le point de rendez-vous en bas des pistes il est déjà si tard que les tire-fesses sont tous arrêtés et il ne me reste plus qu’à remonter la piste à pieds jusqu’à l’hôtel avec mes skis et mes bâtons sous le bras, quelle tuile ! 
Qu’à cela ne tienne, Henri m’explique que son chalet se situe juste un peu plus haut que mon hôtel et sans hésiter une minute, me prend mes skis qu’il charge avec les siens sur ses épaules, me tend ses bâtons à la place et c’est parti, nous prenons la piste d’assaut à pieds. 
Nous devisons joyeusement, essoufflés, joues rougies par le froid, lorsqu’en chemin, nous croisons mes parents qui eux descendent faire quelques achats. Je sens bien à leur sourire qu’ils s’amusent de la situation! 
Le soir venu, mes parents me posent évidement plein de questions sur ma journée et sur cet Henri que je trouve bien sympa, qui est aussi bon skieur, ce qui n'est pas pour me déplaire! 
- " A-t-il aussi un nom ce jeune homme ? " me demandent enfin mes parents. 
- " Oui, Henri! " Puis je m'esclaffe un peu car je trouve son nom de famille plutôt insolite, je ne connais personne qui le porte et  il me parait d’autant plus marrant que le sort me l’a envoyé comme compagnon de classe de ski. 
- " En fait, il s’appelle Destin " leur dis-je en pouffant !
- " Ah bon? Il s'agit peut être du fils Giscard d’Estaing dont la famille séjourne dans un chalet à quelques centaines de mètres d’ici, près du pont? Valery, son papa, est Ministre des Finances au gouvernement français… !".
 Si si, c’était bien lui! Ce même Henri, qui bien des années plus tard reprendrait la présidence du Club Méditerranée. Je l'ai reconnu sur des photos publiques bien longtemps après. 
Croyez moi ou pas, je ne lui en ai jamais parlé au cours de ski, car cela m’était parfaitement égal. 
Par contre, quelle semaine mémorable. Nous avons pratiqué le ski intensif sur et hors piste et nous nous sommes bien éclatés, en complices, portés par la fougue de notre moniteur  particulier et ça, je ne l'oublierai jamais!
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010

 

 

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