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Trop fort, ce destin!

Publié le par philomonique

 Volvo_144_S_1966_1968.jpg

Avril 1979
Bien que mon permis de conduire théorique soit en vigueur depuis 3 ans, je n’ai pas encore eu l’occasion de le mettre en pratique. Il faut dire que je suis plutôt  bonne marcheuse, la ville de Liège à pieds, ça me connaît, de long et en large, de haut en bas, de bas en haut, par les quais, et par les vieilles ruelles. Quant aux transports en commun, ils n'ont plus aucun secret pour moi.
Mais le besoin d’émancipation me démange intensément. Envie d’être libre, de voir plus souvent mes nouveaux amis qui habitent de plus en plus loin. De me déplacer surtout, et sans dépendre de quiconque.
Quelques semaines déjà que la Volvo 144 S rouge de mon père, encore bien conservée pour ses 13 ans mais inutilisée depuis des mois, me nargue de son parking du quartier où elle semble absolument végéter. Car bien que ne pouvant s’en séparer, mon paternel vient de faire l’acquisition d’une BMW 730 flambant neuve, bleue marine cette fois, plus discrète. (Toujours vivante aujourd’hui, elle est devenue pratiquement objet de collection !) La Volvo pendant ce temps, elle sert à… à… à vrai dire, je n'en sais fichtre rien. Elle se languit, c'est évident!
Alors je prends mon courage à deux mains et entame les pourparlers avec mon paternel pour qu’il m’accorde la grâce d’utiliser son tacot rubicond, qui ressemble plus à un char qu’à un véhicule adapté à mes besoins de jeune femme. Mais qu’importe, l’occasion est trop belle.
Pour convaincre mon géniteur, je lui fais remarquer que j’ai tout de même quelques heures de conduite à mon actif. Pendant les dernières semaines j’ai réquisitionné mon petit ami qui s’est prêté généreusement au jeu de me laisser diriger la voiture de sa mère. Celle-ci ne se doute aucunement, la pauvre, que j’ai souvent pris le volant pendant les 60 km d’autoroute aller-retour qui séparent nos domiciles alors que son fils bien aimé est supposé me chercher et me ramener en jeune homme bien élevé, qu’il est d’ailleurs. Je ne compte plus les innombrables manœuvres sur des routes désaffectées ni les freinages brusques ni les dépassements où le pauvre véhicule et mon camarade en ont vu des vertes et des pas mûres. Un martyr pour les deux, c’est sûr. Mais comment devenir experte autrement ?
Ah ça y est, extra, mon père est d’accord, j’aurai le monopole de la Volvo, mais, mais, mais ... auparavant, je vais devoir lui prouver que je peux vraiment la conduire. Alors c’est parti pour quelques heures de conduite avec, à la clé, pas mal d’engueulades.
Eh oui, je n’aime pas ses critiques ! Car il est pointilleux et exigeant, ne se gêne pas de faire des commentaires féroces sur mes entrées au parking où je prends trop serré, sur mes décélérations trop brusques où j’oublie de débrayer et changer de vitesse, sur mes virages un peu courts ou trop larges, sur mes démarrages en côte bien peu assurés encore…
Je n’ai pas de problème pour me garer par contre. Au moins ça! Ce serait tellement génial de l’entendre me dire: « Ma fille tu te débrouilles comme un chef » Hélas, on peut rêver…  A la place ? Une vraie bataille d’égos ! Il a le don de me faire perdre mes moyens et bien sûr moi je ne rêve que d’exceller pour mériter cette fichue voiture. Quel stress !
Mais miracle, cette formation explosive va être de courte durée, mon père se décide enfin à me faire confiance, lassé par les tensions. Je n’ai donc pas d'autre choix à présent que d'être à la hauteur !
 
Juillet 1979
Voilà un bon moment déjà que je vais et viens au rythme de mes visites et sorties. Je suis fière de moi, j’assume bien la conduite du « camion » (comme j'aime le surnommer car franchement mastoc). Je le respecte et le crains encore un peu. Mais je me sens enfin prête pour une plus grande excursion. Ca tombe bien, mes parents sont partis quelques jours au bord de mer, à 200 km de là. Occasion idéale, je vais aller les y rejoindre en fin de semaine pour une nuit. Un aller-retour bref. Chose prévue sera chose faite.
 
Samedi matin 
L’aller se déroule sans encombre. Je jubile et profite à fond de mon petit séjour balnéaire. 
 
Dimanche 21 heures 
Je reprends la route d'assaut au volant de ma berline rouge. Je me suis habituée à sa masse, je m’y sens bien, en sécurité, bien qu’encore sur mes gardes et extrêmement vigilante, la nuit tombant à présent.
 
Dimanche 23 heures 
Je rentre en ville de Liège. Les boulevards sont déserts, pas de problème de circulation. J’arrive à hauteur de ma rue. Plus que quelques mètres avant la maison. Je vais devoir virer légèrement à droite pour me garer le long du trottoir dont le chevauchement est bloqué par 3 poteaux bétonnés au sol, reliés par des chaînes métalliques.
Mais tout se corse. Encore bien à la joie de mon sans fautes sur 400km, mon attention se relâche … et crac,  je vire trop serré ! Crac ou scratch plutôt…, car j’enroule tout le côté droit de la Volvo dans le premier poteau ! La poisse. Et juste à l’arrivée en plus.
Comment est-ce possible ? Je m’arracherais bien les cheveux. Je dois certainement hurler. Je descends pour constater les dégâts. Quelle catastrophe… La voiture est bien endommagée, enfoncée dans le milieu droit, griffée d’avant en arrière. La honte!
Mon cerveau fonctionne en mode turbo. Mes parents rentrent dans 3 jours et je ne veux pas subir les foudres de mon père, ni courir le risque de me voir privée de véhicule (on ne sait jamais…). Il faut que je trouve une solution. 
 
Dimanche, 23 heures 10 
Je me précipite dans l’entrée, saisis mon téléphone et appelle mon meilleur ami. Je sais que l’heure est tardive mais il décroche et je lui explique mon problème : j’ai besoin de l’adresse d’un bon carrossier qui puisse me faire le boulot en 3 jours ! Il me rappellera demain. Bon, c’est clair, tout le monde dort la nuit. Pourvu que ça marche. Oui, ça va marcher ! 
 
Lundi, 09 heures 30 
Mon pote, adorable, me rappelle enfin. Je reçois un nom, un client de son frère avocat qui est prêt à lui/me rendre service en « ami ». Ouf, car ce n’est pas une mince affaire de trouver un garagiste prêt à faire le boulot dans un si bref délai. Mais il est vraiment sympa en plus. Je crois que le cocasse de la situation le fait bien marrer. Ou est-ce mon charme qui opère ? La voiture sera prête mercredi à midi. Mes parents rentrent mercredi soir. Ce sera parfait. 
 
Mercredi, 12 heures 
La voiture est prête, je paye comptant. Sous la manche. Pas de traces. Ni vu ni connu. Le carrossier m’explique encore, en insistant bien, que la peinture n’est pas encore tout à fait sèche et qu’il faut éviter tout frottement pendant au moins 48 heures. Qu’à cela ne tienne, l’engin sera garé à sa place et personne n’y touchera. En tous cas, sûrement pas moi. Tout est bien qui finit bien. 
 
Mercredi, 20 heures 30 
Retour des parents. J’affiche mon visage des bons jours. Un ange.
- « Tout s’est bien passé pendant notre absence ? »
- « Impeccable, rien à signaler ! » 
 
Jeudi, 13 heures 
Mon père arrive un peu contrarié pour le déjeuner. Nous l’interrogeons sur la raison de son irritation.  Enervé, il raconte que ce matin, il y a eu un petit imprévu, un colis urgent à charger, il a donc exceptionnellement choisi de conduire la Volvo, plutôt que la BMW garée trop loin. En la ramenant à son parking, il a viré trop serré et a éraflé tout le côté droit de la bagnole contre la colonne en béton !!!!
 

Trop fort ce destin!

 

Inéluctable philomonique - copyrighted mars 2010

 
 

 

Publié dans Souvenirs personnels

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Objectif

Publié le par philomonique

Cowboy Dreaming Photography by Regina Coeli deWinter


 
je t'ai à l'oeil
 et aussi dans la peau
que tu me fais la nuit
en cadeau
 
je capte tes maints visages
tes grains d'exquise texture
en pose sensible au temps
par réfraction
 
je zoome ton âme
filtre tes clairs obscurs
 à contre plongée
en apnée profonde
comme noyée
 
tout reste suggestif
à l'objectif
 
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted mars 2010


 

 

 

Publié dans Au fil des jours

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Menteuse

Publié le par philomonique

Goutte-feuille-3.jpg
Photo: ICI
 
 
 Bruissement de paupière
 
Ma jambe émerge
Satin d’orge brûlé
Ruisselante
 
Tu dors
Je fuis
Détournement majeur
Consenti
 
  Mes doigts emmêlent
La menthe et le tilleul
De métal précieux
 
Sous mon filet
File le temps
En toute soie
Je suis à moi
 
Et moi
De moi à toi
D’émoi
Tentée tant
Sans toi
Je me tends
 
Touchée
Coulée
Rompue
Repue
J’abuse
 
A l'idée
Alitée
Je me mens
 
O la menteuse
 
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted février 2010

 

 

 

Publié dans Au fil des jours

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La passante

Publié le par philomonique

La passante
          il marchait sans hésiter
suivait corps aimanté
la vertueuse inconnue
aux fesses entre toutes reconnues
 
dans sa gorge un appel rauque
la ruelle crevait le glauque
le passage mal tourné
cher payé
 
plus qu’un pas
un si petit pas
un si grand pour sa main vénielle
jusqu'à ses cuisses à elle 
 
se serait-elle-même penchée un peu, innocente
qu’une ferme basculade contre un mur
faim et soif confondantes
ne l’eut point rebutée, il en était sûr
 
n’était-ce la biture ambiante
sa boucle de ceinture récalcitrante
il eût comblé ce fossé
d’emblée
 
mais trop tard pour son "à venir"
la passante du sans-souvenir
dans sa grâce passée
déjà s’était envolée
 
c'était encore une histoire sans tête
ni pieds ni clé
 
 
 
 Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010       
 

Publié dans Scènes de vie

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Clé

Publié le par philomonique

 bourbon-street-1.jpg

peut-être n'était-ce qu'une empreinte
un doigt de soleil noir dans le bourbon
peut-être n'y avait-il plus de regards à pulvériser
plus de sourires à jeter
 
il y avait un peu d'elle parfois
sur un œil
sur une lèvre
sur une fesse
 
le verre était vide de sens
le tapis roulé
 
l'homme replié sur lui-même
en trois
 
la cigarette s’asphyxiait
l’heure le lâchait de tous pores
sans prévenir
 
l'essence brûlait dans le verre
le moteur en fusion
le bitume ardent
 
il la voulait sans plus attendre
lui prêter corps
l'apostropher
l'agglutiner
la contusionner
déborder comme un passant
obligeamment
 
ô amour
déceinture-le
donne-lui la clé
 
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010
 

 

 

Publié dans Scènes de vie

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In Connection

Publié le par philomonique

 
telepathy_ralphverano.jpg
Ralph Verano original CONTEMPORARY Gallery Art
 
    
Elle s’appelait Hilda. Jamais je ne l’oublierai. 
Orpheline débarquée du Limbourg belge à la recherche d’un travail en région liégeoise, elle avait été heureuse d’avoir pu trouver très vite une famille adoptive en la nôtre. Elle s’exprimait surtout en flamand et son français resterait bancal jusqu’au bout, mais nous nous comprenions bien, elle et moi. 
Depuis ma naissance en 1956 jusqu’à son union en 1969 avec un ancien du Congo belge dont elle héritait par alliance de deux grandes filles métis à éduquer, elle fut la fée de notre logis qui prit soin de moi, de nos repas et de l’intendance pendant que mes parents menaient leurs affaires ailleurs. Au cours de ces 13 années, je fus indubitablement  l’ersatz  d’enfant qu’elle ne pourrait jamais avoir, hélas. 
Il arrivait qu’au sortir de l’école, elle m’emmenât en visite chez sa seule sœur vivant en pays wallon et gérante d’une boulangerie-pâtisserie à quelques rues de là. Pendant qu’elles bavardaient intensément en dialecte flamand assises dans la petite cuisine adjacente au magasin et que le mari dormait à l’étage avant d’enfourner ses pains  en cours de nuit,  je filais souvent en douce vers l’atelier où d’innombrables gâteaux et tartes étaient confectionnés pendant la journée. 
Le pâtissier, que je trouvais franchement beau, m’était très sympathique. Il m’accueillait toujours avec un plaisir non feint, apparemment content de me faire la causette, de m’expliquer comment se fabriquaient toutes ces délicatesses. La plupart du temps, une machine énorme tournait au sol, qui mixait toutes sortes d’ingrédients (beurre, sucre et autres) pour former une crème délicieuse, blanche, verte ou moka, riche et onctueuse, qui servirait à fourrer ou décorer les pâtisseries dont je rêvais d’engloutir toutes les sortes. Je m’accroupissais alors pour en humer les effluves non sans interroger d’un regard en coin mon ami pâtissier pour recevoir sa permission de plonger mon index dans le mélange tout frais et y récupérer une bonne ration de crème en la léchant à même le doigt. Complice, il me faisait un clin d’œil en ajoutant, « oui, mais rien qu’une fois, hein ! » et moi je profitais de son dos tourné pour recommencer… Ce n’était franchement pas la panacée en matière d’hygiène mais cela ne semblait pas le traumatiser. 
J’y repense souvent en mordant dans un appétissant gâteau à la crème, me demandant quel doigt y a trainé sur le chemin de sa fabrication… ! 
Je me souviens de ce jour particulier de juin 69 où Hilda nous a quittés pour vivre sa nouvelle vie. Elle avait insisté avec son futur mari pour me déposer au goûter d’anniversaire d’une camarade de classe avant de s’éclipser de mon quotidien. Mais toute à mon excitation de rencontrer le fameux grand frère de ma copine qui serait le seul garçon présent, j’ai expédié les adieux sur le pas de la porte, m’enfuyant vers la pièce d’où parvenait la musique. Que dire…J’avais 13 ans et j’avais envie de danser, de m’amuser, pas d’être triste. Pourtant je l’étais. Le montrer ? Difficile. Inconscience ? Ce que les enfants peuvent être durs parfois… 
Peu après nous avons déménagé. Puis les années ont passé. Sporadiquement, Hilda appelait ma mère pour prendre de nos nouvelles et nous donner des siennes. Peut-être est-elle passée nous voir l’une ou l’autre fois pendant les 6 ans qui suivirent mais cela reste un peu flou dans ma mémoire. Sans doute, n’étais-je pas présente ces jours là. Elle semblait faire partie d’une autre vie que j’occultais. 
J’allais avoir 19 ans en  juin 1975 quand quelque chose d’étrange se produisit. 
Au petit matin, encore endormie,  je fis un rêve d’une intensité anormale. Presque réel. Il se déroulait dans l’atelier de la boulangerie-pâtisserie où je n’avais plus mis les pieds depuis une éternité. Hilda était à mes côtés et je m’adressais à elle. Mais elle ne me répondait pas, se tenait plutôt le ventre, presque pliée en deux, le visage marqué par la douleur. 
Je me réveillai complètement perturbée. Cet instant onirique inhabituel était d’une acuité étonnante et le lieu surprenant, je n’avais pas le souvenir d’en avoir jamais rêvé. Incapable d’y trouver une explication tangible et passablement inquiète, je relatai mon aventure à ma mère avant de quitter la maison à la hâte pour assister aux cours. 
A mon retour l’après-midi, quelle ne fut ma surprise lorsque ma mère se précipita vers moi avec ces mots : « Hilda a appelé ce matin, elle est à l’hôpital, on vient de l’opérer d’urgence d’un problème abdominal très sérieux, elle a très mal et elle pense beaucoup à nous, à toi ! » 
J’ai sûrement dû frissonner, je le sais. Des liens puissants existaient donc entre les êtres, dont je ne soupçonnais pas la force. Hilda m’avait envoyé ce message et je l’avais reçu. Nous faisions partie de ses souvenirs les plus heureux. Nous avions été sa vraie famille, plus encore que celle reformée  par son mari et ses filles adoptives. J’étais à jamais sa fille de cœur, sinon comment tout expliquer ? 
Quelques années plus tard, alors que je vivais déjà à Bruxelles,  un soir je l’ai appelée. J’avais besoin de lui parler. De lui dire qu’elle avait compté pour moi. De l’encourager. J’aurais aimé la rencontrer encore. Elle a fortement  insisté pour que cela se fasse. Cela ne s’est pas fait. Je ne savais pas que je ne la reverrais pas. Mais elle le savait. 
Peu de temps après, pour mes 27 ans, j’ai reçu une carte contenant quelques petites reliques qu’elle avait conservées. Il y avait mes premières dents de lait, quelques photos de moi gamine, une photo d’elle aussi, au meilleur de sa forme depuis longtemps perdue. Et aussi, écornées, les pages arrachées du Jours de France où je figurais petite fille en arrière plan de Nathalie et de son père Roger Vadim, les mêmes qui ont servi d’illustration sur un autre article de mon blog…. 
Elle s'appelait Hilda. Nous avons été connectées. Jamais je ne l'oublierai.        

 

Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010

 

 

Publié dans Souvenirs personnels

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Lettre ouverte à Manneken Pis

Publié le par philomonique

Exercice d'écriture dans le cadre d'un atelier qui démarra bien mais ne vécut que quelques mois, il s'agissait de rédiger une lettre ouverte à une personnalité de son choix.
En clin d'oeil-tendresse pour Bruxelles où j'ai vécu quelques années avant de m'exiler en Suisse, voici donc ma lettre ouverte que j'écrivais un peu inquiète en août 2008 et adressée à un très grand (mais tout petit en taille) emblème de Bruxelles...

 

manneken-pis-2-copie-1.jpg

Août 2008
 
Mon bon vieux Manneken Pis,
Voilà bien des siècles que tu pisses en flamand en plein centre de Bruxelles (certains disent que tu es l’enfant qui pleut ... bon, soit !). N’est-elle pas cette ville flamande francisée par l’histoire devenue aujourd’hui européenne et cosmopolite ?
Mon petit gars, les légendes à ton sujet ne se comptent plus, sans parler de tes déguisements bien cocasses! Il parait même que tu serais le plus vieux bourgeois de Bruxelles et que tu symboliserais l’esprit frondeur et espiègle, tout comme l'indépendance d'esprit des Bruxellois. Certes Bruxelles a sa vie propre. C’est évident. Mais tu y comprends quelque chose, toi, à la complexité de la Belgique ?
Refaisons les comptes. La Belgique = 3 régions autonomes : 1. la Flandre et ses flamands (et son lion)  2. la Wallonie et ses wallons (et son coq) 3. Bruxelles et ses wallons/flamands confondus (et son ... "Manneken Pis" !)
Un cas à part ce Bruxelles donc.  Car la capitale, majoritairement francophone, est habitée par des wallons et des flamands et est officiellement bilingue, gérée à parts égales par les 2 communautés. Mais si un bruxellois néerlandophone peut être qualifié de flamand, un bruxellois francophone n’est pour autant pas considéré comme wallon, tout cela pour des raisons d’instances compétentes, enfin je m’y perds …  Vraiment à n’y rien comprendre ! D’autant plus que presqu’1 million de  bruxellois ne se sentent ni wallons ni flamands et ne se reconnaissent pas dans ces structures.
"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?", murmures-tu certainement sarcastique, en dévidant ton eau au fil des jours et des années.
Mais dis-moi, et si la Belgique sautait un jour? Et si les problèmes devenaient vraiment insolubles ? Que ce système de communautés se transformait vraiment en une poudrière politiquement impossible à contrôler ? Et si la Wallonie retournait à la France et la Flandre à la Hollande ?
Comment gérerait-on le presque million de bruxellois qui ne se sentent ni wallons ni flamands, comment gérerait-on le million de flamands vivant en Wallonie et les 300'000 francophones vivant en Flandre qui ne s’identifient pas à cette situation…
Mais surtout, à qui profiterait Bruxelles ??
Mon petit pisseur, moi je te souhaite que la redistribution des régions ne soit pas encore pour demain , et que ton eau, tu puisses encore la déverser longtemps en Belgique ! Mais moi tu sais … ce que j’en pense…
Bon, "Manneke", à bientôt et "tot straks", comme on dit en flamand!
 
Ta copine belge expatriée.

 

Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010

 

 

 

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Ma création ne s'est pas faite ce jour là!

Publié le par philomonique

Ma création ne s'est pas faite ce jour là!
(Le ponton de l'Hôtel "Tahiti Plage" de nos jours)
 
 
Il y a bien longtemps, dans une autre vie, mes parents ont aimé (et moi tout autant) passer leurs vacances à St Tropez. A l'époque ce n'était pas comme aujourd'hui, il y avait franchement moins d'affluence et moins de "bling bling". Bien sûr, je les accompagnais partout. 
C'est ainsi qu'un mois de juin du début des années 60, j'ai raté une occasion unique, à "Tahiti Plage", juste à deux pas de la Madrague de BB. J'avais 6 ou 7 ans.  
J'adorais m'amuser des heures, seule, au bout du ponton, à jeter mon ballon en l'air et à m'élancer dans l'eau avec ma bouée pour le rattraper. 
Ce jour là, une petite fille de mon âge est venue se joindre à mes jeux. Elle s'appelait Nathalie. 
Nous avons passé des heures ensemble à nous passer la bouée à tour de rôle et à nous jeter fougueusement à l'eau. 
Puis son papa est venu me demander si je voulais bien leur prêter ma bouée et ma balle, le temps d'immortaliser en quelques photos la première leçon de natation de sa fille. J'ai dit "oui" , évidemment! Une jolie jeune femme l'accompagnait. Je supposais qu'il s'agissait de sa maman. 
J'ai donc regardé, très intéressée, le photographe faire son travail. Puis nous avons continué tranquillement à jouer ensemble, dans l'insouciance de l'enfance. Pareil les jours suivants. 
Une fois revenus en Belgique où nous résidions, mes parents, qui venaient d'ouvrir le dernier "Jours de France", se sont exclamés en le feuilletant: "Oh....c'est incroyable!" 
On y reconnaissait en double page: Roger Vadim, sa fiancée Catherine Deneuve, Nathalie, fille du réalisateur et d' Annette Stroyberg, mais aussi, sur le coté, ô surprise, ma frimousse de gamine curieuse! 
Longtemps après, mes parents m'ont confié que Roger Vadim leur avait demandé l'autorisation de m'emmener sur son bateau pour accompagner sa fille mais, que pour des raisons qui leur étaient propres, alors même qu'ils l'avaient reconnu, ils avaient refusé. Pourquoi? Par peur et volonté de me protéger, sûrement.
Donc...ma création ne s'est pas faite ce jour là!
 
 
Inéluctable philomonique -copyrighted janvier 2010
 
 
 
 
 
 
 
 

Publié dans Souvenirs personnels

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Destin, vous avez dit Destin?

Publié le par philomonique

             
Bellecote-Courchevel.jpg     
Courchevel 1850, Bellecôte, années 70 - Collection perso
 
Dans les années 70, mes parents m'emmenaient à la montagne  pendant les vacances belges de Carnaval pour que la petite bronchiteuse de 13-14 ans que j’étais puisse profiter du bon air frais en altitude. 
Courchevel leur semblait la destination idéale et je ne m’en plaignais pas. De plus, l’hôtel était situé sur les pistes, ce qui permettait départs et retours skis aux pieds. 
Mes parents avaient pas jugé opportun pour ma santé de me faire manquer l’école 14 jours ou lieu des 7 légaux, et je n'y trouvais pas mon compte car presque tous les autres enfants de France et de Navarre n’avaient droit, eux, qu’à une semaine de vacances. Du coup, quand ils repartaient chez eux à la fin de leurs congés, les cours de skis enfants de ma seconde semaine étaient désertés. Ce qui m’obligeait à fréquenter les cours de skis pour adultes et c’était franchement moins marrant. 
Par contre, comme j’étais bonne skieuse, et que derrière mes grosses lunettes et mon bonnet, on me donnait bien 16 ou 17 ans, les adultes n’y trouvaient rien à redire! Je me contentais de coller mes skis à ceux du moniteur et de mordre sur mes lèvres pour ne pas pleurer quand je me payais une gamelle douloureuse … Et comme je fonçais, c’est arrivé plus d’une fois … 
Nous voici donc en 1970 ou 71. Nous sommes le lundi, celui de ma deuxième semaine. La mine un peu allongée à l’idée de devoir me joindre au cours pour adultes pendant les jours suivants, je me rends en trainant la patte au rassemblement des cours de ski. 
Ô miracle, un jeune garçon se tient devant le panneau « compétition enfants ». Je ne suis plus seule ! Nous nous présentons, Henri, Monique. Chouette, nous avons le même âge ! Notre moniteur arrive aussi, nous expliquant que nous aurons quasiment un cours particulier vu que nous ne sommes que deux. Pur luxe quoi! Voilà une semaine qui se présente sous les meilleurs augures ! Et nous partons tous azimuts sur les pistes pour une journée à marquer au fer rouge, comme chacune des suivantes d’ailleurs. Le top du top. 
Mais le premier jour de ski prend fin déjà, trop vite. Lorsque nous atteignons comme prévu le point de rendez-vous en bas des pistes il est déjà si tard que les tire-fesses sont tous arrêtés et il ne me reste plus qu’à remonter la piste à pieds jusqu’à l’hôtel avec mes skis et mes bâtons sous le bras, quelle tuile ! 
Qu’à cela ne tienne, Henri m’explique que son chalet se situe juste un peu plus haut que mon hôtel et sans hésiter une minute, me prend mes skis qu’il charge avec les siens sur ses épaules, me tend ses bâtons à la place et c’est parti, nous prenons la piste d’assaut à pieds. 
Nous devisons joyeusement, essoufflés, joues rougies par le froid, lorsqu’en chemin, nous croisons mes parents qui eux descendent faire quelques achats. Je sens bien à leur sourire qu’ils s’amusent de la situation! 
Le soir venu, mes parents me posent évidement plein de questions sur ma journée et sur cet Henri que je trouve bien sympa, qui est aussi bon skieur, ce qui n'est pas pour me déplaire! 
- " A-t-il aussi un nom ce jeune homme ? " me demandent enfin mes parents. 
- " Oui, Henri! " Puis je m'esclaffe un peu car je trouve son nom de famille plutôt insolite, je ne connais personne qui le porte et  il me parait d’autant plus marrant que le sort me l’a envoyé comme compagnon de classe de ski. 
- " En fait, il s’appelle Destin " leur dis-je en pouffant !
- " Ah bon? Il s'agit peut être du fils Giscard d’Estaing dont la famille séjourne dans un chalet à quelques centaines de mètres d’ici, près du pont? Valery, son papa, est Ministre des Finances au gouvernement français… !".
 Si si, c’était bien lui! Ce même Henri, qui bien des années plus tard reprendrait la présidence du Club Méditerranée. Je l'ai reconnu sur des photos publiques bien longtemps après. 
Croyez moi ou pas, je ne lui en ai jamais parlé au cours de ski, car cela m’était parfaitement égal. 
Par contre, quelle semaine mémorable. Nous avons pratiqué le ski intensif sur et hors piste et nous nous sommes bien éclatés, en complices, portés par la fougue de notre moniteur  particulier et ça, je ne l'oublierai jamais!
 
 
Inéluctable philomonique - copyrighted janvier 2010

 

 

Publié dans Souvenirs personnels

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Lune Noire

Publié le par philomonique

 

 

pluie orage-copie-1


Je le sens

déjà tu t’éloignes

  Tes soupirs se font moins pressants

tes regards plus fuyants 


 Ce sera notre dernière pluie

notre midnight express

 

Seule ta mordante caresse
sur ma chair alanguie

reculera de peu notre devenir incertain

 

Je resterai là

 adossée au chambranle de la porte

éperdument exsangue

  

Par ta bouche aspirée

chancelante

je n’oserai un cri

 

Ce sera l'ultime festin

ton dernier breuvage avant la route

 

 Reprends ton chemin, prince de sang

 il sera toujours temps

de t'en faire du mauvais

 

Car tu m’as fait Lilith

et plus jamais, blanche je ne serai

 

Inéluctable philomonique - copyrighted octobre 2009

 


 

Publié dans Fictions et dérision

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