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Marylou, 13 ans en 69

Publié le par philomonique


 

 

"Je dois filer d’ici!" .... "A la cave vite !"

Elle traversa la rue plus vite que son ombre, les yeux embués, la main sur sa joue en feu. Quel sale type! Il lui avait administré une gifle monumentale. Elle tremblait des pieds à la tête. La honte! Elle ne s’y attendait pas. Ca lui servirait de leçon, ça c’est sûr ! Oui, elle en apprendrait encore de la vie. Mais, la vache, que ça faisait mal ! 

Quelle idée d’aller flâner en cette fin d’après-midi estivale dans l’allée verdoyante et ombragée du parc en face de chez elle, tout de même !

Elle avait appuyé sa bicyclette contre le gros marronnier et s’était assise sur le banc à rêvasser. Un homme était venu se mettre à côté d’elle et lui avait posé de drôles de questions: Où habitait-elle? Quel âge avait-elle? Etait-elle seule? Elle ne pouvait pas dire ce qui la dérangeait au juste, mais il était insistant et cela ne lui convenait pas. D'instinct, elle avait prétexté n’importe quoi, s’était levée, avait empoigné son deux-roues et avait fui à grands coups de pédale. 

Partie pour quelques tours d'étang, elle avait soudain été arrêtée par un gamin, à vélo lui aussi, qui lui avait sciemment coupé la route. Une guigne, décidément. Alors, sans réfléchir, et pour se venger de l’homme du banc, elle avait crié au garçon : "Dis, et si tu allais plutôt faire ton cirque devant le type, assis là ?" Il l’avait prise au mot, et elle l’avait vu freiner comme un fou devant les pieds du gars, le recouvrant exprès de poussière. "Bien fait pour sa pomme !" Avait-elle murmuré, ricaneuse. Puis elle s’était remise en selle. Mais voilà que tout à coup, l’homme du banc avait surgi de côté, l’avait empoignée par le bras et lui avait crié: "C’est toi hein, qui a demandé au gamin de m’emmerder, salope ! Il m'a tout raconté ! Tiens, ça t’apprendra !" Et sa main s’était abattue violemment sur son visage, sans qu’elle n’ait pu répondre, ni réagir. Ses doigts avaient marqué sa chair et son esprit, un souvenir dont elle se rappellerait toute la vie. 

Sonnée, Marylou ne voyait plus très bien. Malgré le choc, elle déguerpit littéralement, survolant la chaussée sans regarder. Elle poussa la porte blanche d’un coup sec, tira sa bicyclette dans l’entrée puis claqua le bois derrière elle. Haletante, elle souleva son engin pour gravir 4 à 4 les quelques marches en marbre clair et le ranger précautionneusement sous l’escalier de bois qui embaumait la cire fraiche. Elle l'aimait son compagnon de vadrouille pliant, assez avant-gardiste et pratique à transporter. Malgré sa selle récalcitrante, qui tournait fou. Et malgré toutes ses tentatives d'en resserer la vis avec les clés accrochées à l'arrière.

Mais en cet instant elle n’y pensait pas. L’humiliation était forte et la douleur au côté droit de son visage lancinante. Bientôt le souper serait servi. Elle lui fallait absolument reprendre son souffle et taire cet incident, car impossible d'en parler aux parents. Elle n’aurait jamais dû provoquer ce type, elle le savait très bien. On lui reprocherait sûrement son comportement et elle n’aurait plus le droit de sortir, et ça, pour rien au monde elle ne le désirait ! 

"Chut, ne pas faire de bruit ! " Le proprio de la maison, qui gérait le cabinet d’architecte au rez-de-chaussée de l'immeuble classé, n’aimait pas être dérangé. Elle ne l’appréciait guère cet homme aux cheveux grisonnants. Ni sa grosse moustache étirée jusqu'aux oreilles. Un peu sec, plutôt nerveux, et surtout très imprévisible, il pouvait piquer de ses coups de gueule tonitruants à faire trembler les murs! C'était un "homme d'affaires", qui aimait la chasse "dans tous les sens du terme", avait-elle entendu ses parents affirmer, sans toutefois bien comprendre ce qu’ils avaient voulu dire exactement. Il habitait l’appartement du premier, avec cette femme aux lèvres charnues et peinturlurées de rouge vif, dont la voix, hautement perchée, débitait en continu des flots de jérémiades et réprimandes adressées à ses filles. Ce n'était pas le moment d'attirer leur attention!

Marylou habitait au second étage, celui du grand balcon blanc ciselé. Il y avait même un ascenseur, quel luxe ! Mais il lui fichait la frousse ! Elle en faisait des cauchemars. De ceux où il crevait le toit et fusait sans contrôle jusqu'au ciel. Ou de ceux, et c’était l’angoisse garantie, où il chutait en une descente infernale, jusqu'à l'écrasement brutal dans la suie, le charbon de chauffage et les relents d'eaux usées. Dans un lieu irrespirable, bien trop sombre, que même le filet d’une ampoule ne suffit à éclairer. Où les toiles d'araignées nombreuses s'accrochent aux joues et aux cheveux. Où rodent fantômes et esprits maléfiques … La cave, quoi !  Brrr !

C'est pourtant là, à deux pas du minuscule soupirail et derrière l'étagère aux grands crûs, qu'elle aurait aimé aller cuver son humiliation et mûrir sa mésaventure. Pourrait-elle s'y montrer plus forte que sa peur des sous-sols? Oublier par la même occasion les horribles monstres qu’elle imaginait rodant pas loin, qui se tapissaient sous son lit à la tombée du jour? Imaginait? Une nuit, la porte de sa chambre n'avait-elle pas grincé et quelqu'un n'était-il pas entré... ?

Elle l’adorait sa petite chambre à coucher. Sa moquette bleue et ses murs tapissés de blanc. Son lit s'escamotait le matin en étagère à livres, un voile de tissu blanc à motifs enfantins assorti aux rideaux le cachait au regard des visiteurs. Ses poupées et ses ours en peluche, disposés en cercle par terre dans un coin, semblaient attendre qu'elle leur raconte ses aventures.

Longtemps, elle avait dû partager la même pièce à dormir que ses parents. Manque de place, manque d’argent. Puis un jour, le propriétaire leur avait proposé le minuscule réduit sans toilettes de l’entresol en location, car Dadi, leur servante à demeure les avait quitté. Ses parents en avaient fait un petit bijou avec un minimum de moyens. La lumière y rentrait de plein fouet. La fenêtre donnait sur la rue et le parc. L’été, elle s’y accoudait et trainait, bavardant avec ses camarades de jeux pas encore rappelés par leurs parents. Une fois le soleil couché, elle se mettait sur la pointe des pieds pour regarder les étoiles filantes danser.

Oui, dans ce lieu qui n'appartenait rien qu'à elle, elle se sentait bien, libre, légère, vivante, heureuse. Sauf quand le sommeil se faisait attendre. Quand allongée immobile sur le dos dans le silence envahissant, il lui semblait sentir comme une chiquenaude sur son épaule. Alors son sang se glaçait instantanément. Ces frayeurs nocturnes étaient terribles. D'autant qu'il y avait eu cette fameuse fois. Ce soir-là, une fête avait eu lieu chez l’architecte et les gens avaient longtemps bavardé sur le pas de la porte, l'empêchant de trouver la paix. Un homme, elle l'avait reconnu à son parfum, était entré dans son antre. Il s'était agenouillé et lui avait frôlé le visage de ses lèvres, lui murmurant des choses inaudibles dans un relent d'alcool insoutenable. Elle n'avait pas réagi, feignant un profond sommeil, puis il avait filé. Elle n’en avait soufflé mot à quiconque mais soupçonnait qu'il devait s'agir du propriétaire qui, sous l’influence de la boisson, ne contrôlait pas toujours ses actes ... Peut-être avait-il oublié que Dadi n'y dormait plus depuis longtemps? Elle préférait ne pas savoir. Elle règlerait ça seule, comme d'habitude. Elle l'était souvent. Des parents trop pris par leurs activités professionnelles. Elle n'aimait pas toujours ça mais elle aimait quand même. Elle bénéficiait d'une situation extraordinaire. Elle était libre d’aller et venir dans le parc. Comme elle l’entendait. A patins ou à vélo. Vive, curieuse, intrépide, aventurière, sociable, elle se trouvait facilement des compagnons de jeu. Ou alors, elle se réfugiait dans les livres de la collection rose ou verte, les avalait.

Encore cachée sous l’escalier près de l’ascenseur, la main sur la joue pour en atténuer la douleur, elle tendit l’oreille. Une porte s’était ouverte au milieu du couloir. C’était la secrétaire, une brunette ronchon et coincée, toujours sur son 31 et toujours aux petits soins pour son patron. Elle allait sûrement aux toilettes. Ah mais tiens, voilà justement que Monsieur l’Architecte la suivait vers le fond, tout derrière. Ils allaient sans doute chercher un dossier ensemble. Ils avaient à présent disparu dans la pièce et le silence s’était refermé sur eux. Les minutes s'écoulaient. Que pouvaient-ils bien faire dans cet amoncellement de vieux meubles et de vieux papiers ?

Intriguée, elle hésita entre se diriger vers le terrible ascenseur pour rejoindre ses parents ou aller faire un petit détour vers la balançoire dans la cour, dont la porte jouxtait le fameux réduit. Mmmm... Y jeter un oeil par le trou de la serrure, voilà qui la titillait! Et puis non, pas le cœur cette fois. 

A peine calmée de son humiliation du jour, la joue toujours en feu, Marylou émergea de sa planque et prit son courage à deux mains pour affronter la réalité qui l’attendait tout là-haut. La cave, elle s'en passerait pour aujourd'hui! Elle évita soigneusement l’ascenseur ainsi que la porte du fond, puis grimpa à toute vitesse vers son appartement, non sans faire bruyamment craquer les marches sous ses pas, question de provoquer la dame du premier. 

Arrivée sur le palier du second, le seuil à peine franchi, elle reconnut "Je t’aime moi non plus" et la voix de son père qui fredonnait "Je vais et je viens…entre tes reins…..et je me retiens…" couvrant celles de Gainsbourg et Birkin. Encore cette chanson! A cause d'elle, une de ses camarades de classe, qui habitait la même rue, n’avait plus le droit de venir jouer chez elle !!!  Ce qui n’empêchait pas les deux jeunes filles de cheminer ensemble chaque matin pour se rendre à l’école et discuter de tout et de rien. Le dernier bruit qui courait et les préoccupait? Leur petite voisine de 13 ans portait dans son ventre son petit frère ! Comment cela ? Elles n’arrivaient pas à comprendre comment un embryon de frère avait soudain pu pousser dans le ventre de l’adolescente, et elles échafaudaient mille scénarios qui meublaient ainsi leur marche matinale.

Quelque chose ne tournait pas rond dans la famille de cette fille, elle le savait. Invitée quelques semaines plus tôt à goûter chez elle, elle y avait rencontré ses parents, des gens simples mais d'allure plutôt moderne. Son père, postier dans le coin, boitait fortement. Un reste de polio. Il était bel homme, grand, cheveux et barbe très noirs, yeux foncés, perçants, pénétrants. Ce jour là, il s’était gentiment proposé d’écrire et de dessiner dans le carnet de Marylou et elle avait trouvé ça génial car elle savait qu'il croquait rudement bien. Une semaine plus tard, comme son cahier de poésies ne lui était pas revenu, elle avait sonné à leur porte pour le récupérer. Puis elle était montée. Il était assis seul au salon, dans son fauteuil usé. Il lui avait fait signe d’approcher, lui avait tendu le carnet et elle s’était reculée pour lire et admirer son cadeau dans la lumière. Il était vraiment doué. Mais voilà soudain, qu'à nette distance de lui, elle avait senti l'atmosphère changer ! Relevant les yeux, elle avait vu sa main glisser sur l’étoffe de son pantalon, elle se déplaçait bizarrement entre ses cuisses pendant qu’il soutenait son regard. Malaise. Elle n’avait su quoi dire, ni quoi faire, et en même temps, paradoxalement presque curieuse, elle attendait la suite, que quelque chose arrive, n’importe quoi, mais que cela s'arrête. Son épouse, alertée par le silence ambiant, avait fini par surgir de la cuisine et l’avait sommé de "stopper immédiatement !". Marylou avait maladroitement pris congé, tenant entre ses mains un carnet de poésies qui lui resterait longtemps en travers de la gorge. Dès ce moment elle avait compris que sa petite camarade, dont la chambre jouxtait celle des parents, devait vivre des situations "hors norme",  que cette histoire de petit frère dans son ventre s'expliquait logiquement. Plus jamais elle n'y remettrait les pieds !   

Marylou s’élança dans la salle de bains et s’y enferma. Elle s’observa longuement dans le miroir, cherchant vainement des traces de sa mésaventure. Rien, à part des longs cheveux noirs tout ébouriffés, des yeux bruns-verts trop brillants, une peau un peu trop pâle. Mais aucune boursouflure visible ! Rien qu’une outre-cuisante blessure à l’égo, de la rage et de la haine envers cet individu qui l’avait giflée.  

Comme le reflet lui indiquait que tout semblait presque normal, elle s’aspergea le visage à l’eau froide et sortit enfin de la pièce. Le repas n'était pas prêt. "Sex Machine" de James Brown, tournait à présent en 45 tours sur le pick-up et son père sirotait un petit verre de Scotch. Chaque soir, c'était le même rituel: un double whisky avec un bon morceau de musique. La vie normale quoi ! L'image de la télé en noir et blanc était figée sur la mire, il était trop tôt encore pour le programme du soir. 

Marylou sortit un instant sur le balcon, pour respirer un peu d’air frais. Le type du parc semblait loin. Ouf! La vie était belle, même si certains hommes étaient franchement bizarres. Elle avait eu de la veine, cette fois encore! Quelque chose lui disait que c'eût pu être pire.

A cet instant, sa mère lui cria: « Marylou, ton père a conclu un contrat important aujourd’hui, vas donc nous chercher une bouteille de rouge à la cave! ». 

"Ah non ... Pas là… !" Et elle frissonna.....

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted juin 2009

 

Publié dans Nouvelles

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Rien qu'une arme, à l'oeil

Publié le par philomonique



Je sortais les poubelles et je t’ai vu passer.

Tu dodelinais des hanches, le sourire carnassier,

Roi des autres à qui tu dames le pion.

Tu portais l’arme à la bouche, la langue sur sa gâchette,

Prêt à tirer sur n’importe quel pianiste

Qui aurait l’audace de ni te regarder, ni t’écouter,

Ni surtout de marcher dans ta provocante combine,

Celle de tout faire pour être dans le champ de mire.

 

Je sortais les poubelles et tu m’as dépassée, sur toute la ligne.

Ton odeur d'after words m’a sauté aux narines,

M’obligeant à me pincer le nez pour y croire.

C’est donc bien toi, le  présomptueux ridicule,

En mal d’amour ni semé ni récolté en tes basses cours,

Qui a rabattu le caquet des ses poules sans mort annoncer ?

Encore une de ces heures de mots tranchants pas mâchés

Qui auront laissé les masses allongées devant sa majesté !

 

Je sortais les poubelles et ta colère s'est pointée de côté.

Tu tires drôlement vite de la bouche les jours d'égout.

 

Je me suis arrêtée sur le blues trottoir  et t’ai bien regardé.

  Mais cette fois tes lèvres étaient pincées d’avoir trop mordu.

 

Moi, je n’ai rien qu’une arme, à l’œil.

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted juin 2009

 

 

 

Publié dans Coups de gueule

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Histoires d'eau et autres liquidations

Publié le par philomonique



Pour un ancien atelier d'écriture, un essai sur des meurtres qui n’en sont pas vraiment...

Histoires d'eau et autres liquidations
 
Polo se réveilla en nage. Le duvet synthétique, pourtant très léger, lui écrasait la poitrine. Il venait de rêver qu’un tourbillon aquatique l’engloutissait. Sensation de noyade imminente. Il se sentait encore pris à la gorge, la respiration bloquée comme s’il étouffait.  
- « J’en aurais presque encore l’eau à la bouche » cracha-t-il entre ses lèvres, optant pour la dérision.   
Mais il était bien vivant. La vie toujours plus forte que tout.   
- « Dire que j'ai insisté pour louer ce 3 pièces sans salle de bains dans ce quartier branché d’artistes » pensa-t-il. « Quel con je fais, pour un peu je me noyais dans un verre d’eau! »    
Il resta un instant étendu les yeux mi-clos perdu dans sa brume. Fixant un coin du plafond défraîchi. Comme si devaient surgir de cet angle les réponses au pourquoi de ce cauchemar glauque. Mais seule lui parvenait la vision du plâtre jaunâtre le ramenant aux incontournables frites du rez-de-chaussée, dont l’odeur pugnace montait jusqu’aux étages et s’incrustait dans  les narines. Tout apatride qu’il était, et il s'en targuait, la Belgique s’immisçait bel et bien par tous ses pores. Par les relents d’huile de friterie et par ceux de la Meuse toute proche.    
- « Et vogue la galère ! » ajouta-t-il pour lui-même, lèvres serrées, en s'interrogeant sur son mauvais songe.
N'avait-il pas lu un jour que les rêves d'eau symbolisaient les flots d’émotions non gérées? Ou s'agissait-il de l’annonce d’un danger imminent, d’une menace de mort à prendre au sérieux?  Mais qui donc aurait pu en vouloir à sa vieille peau d'artiste-peintre de 55 ans sans le sou?
Polo contint son agitation. Pas question de réveiller Marylou, endormie à ses côtés. Plutôt que de s’appesantir sur ce mauvais moment nocturne qui lui collait aux tripes, il marmonna, en se marrant:
-« Allez Polo, t'es né Poissons, mais t'es franchement surtout cigale! Alors eaux troubles, adios!»     
Ses lèvres se fendirent d’un mince sourire.  Il en avait fait des tas de conneries jusque-là, mais il s’en était toujours bien sorti. Il chérissait la vie et elle le lui rendait bien! Des expos ratées lui avaient fait boire la tasse parfois et il aurait très bien pu sombrer, quand les acheteurs le boudaient. Mais il restait toujours positif. Confiant. Il n’était pas le genre de gars qui écrirait un jour en lettres rouges sur le miroir du salon : « Liège m’a tuer ». Sa ville d'adoption et son quotidien de peintre lui tenaient trop à coeur pour qu'il ait envie de se tirer.    
Jeannot, son ami d’enfance, avocat reconnu du barreau, n'avait pas eu cette chance, lui. Il avait bien mal fini ! On avait retrouvé, quelque temps plus tôt, son corps sans vie coincé dans un barrage naturel au confluent de la Meuse et la Dérivation, à quelques miles de son appart. On avait parlé de suicide. Pourtant il portait des traces anormales d’hématomes sur le tronc et les bras. Des bruits avaient couru. Son pote avait sûrement dû fouiner dans des magouilles politico-mafieuses liées à l’assassinat de ce fameux ministre d’Etat, ancien ministre et patron d'un parti liégeois... A moins qu’il n’ait mis son nez dans des histoires de trafic d’armes avec un pays d'Afrique, que son ancien partenaire, avocat comme lui, avait cautionnées. Voire même dans des affaires de prostitution. Un de ses meilleurs clients n'était-il pas propriétaire de bars à putes et de clubs gay que Jeannot avait souvent fréquentés?
-« Que pour le boulot », lui répétait-il avec véhémence. Oui, son ami en connaissait de bons bouts sur ces gens-là, se dit Polo à lui-même. Secret de polichinelle. Car Jeannot n’aimait que les hommes. Mais qu'importe... Maintenant, il était mort et personne ne savait s’il s’agissait d’un règlement de compte, d’un contrat sur sa tête, d’un suicide ou d’un accident! Le découvrirait-on un jour?   
Polo repensait souvent à cette horrible fin. Il se raccrochait alors à l’intangible, à l’irrationnel, à l’inconcevable pour tenter de démêler quelques indices d’importance du tas d'informations. Il les ressassait avec son vieux cousin détective. Il en était même arrivé à consulter voyant et cartomancienne… En vain. 
Ce rêve aquatique justement, ce matin… Ne s'agissait-il pas d'un message codé révélant une nue vérité enfouie dans les tréfonds du fleuve ? Peut-être qu'en cherchant bien il y  découvrirait les noms des commanditaires de la liquidation de Jeannot? Ou l’identité cachée de son dernier amant, un type bien trop haut placé pour être cité au tribunal. Ou un élément confirmant son dégoût de la vie et qui expliquerait son geste ? Comment savoir ?  
Polo plissa le front. Il déroula lentement le film de son cauchemar pour y retrouver des détails majeurs. Peine perdue, coulée plutôt! 
- « Bon, allez… Assez d’élucubrations ! »  Dit-il, l’angoisse toujours chevillée au corps comme la vase des bas-fonds sur de vieux cailloux. 
Il pivota lentement vers Marylou encore endormie. Elle était allongée à portée de main, détendue dans son sommeil, à peine voilée par le drap fin, cuisses légèrement ouvertes, offerte à son regard. Son corps se réchauffait. Oublié son horrible réveil. Son trésor à elle, c’était son "Origine du Monde" à lui, Polo ! Ses courbes et ses plis lui appartenaient. Il l’aurait bien croquée au fusain en cet instant. Il visualisait déjà sa toile "à la Courbet", suspendue en évidence dans une galerie liégeoise. Elle ferait le bonheur des vrais connaisseurs.  
Son désir de la prendre comme ça, sans même la réveiller, et d'effacer le souvenir de son plongeon onirique merdique était plus que palpable, pénétrant même. Il émanait d’elle un parfum de sous-bois, de fraises sauvages à cueillir sans attente et il se sentait en appétit. Il en oubliait les effluves de la friterie d’en bas et le goût saumâtre de l’eau de là, de l’autre côté de la vitre embuée.  
- « De l’eau de là, ou de l’au-delà ? » se marra-t-il tout en se rapprochant du bas-ventre de la jeune femme.
Puis effleurant la ligne de son pubis du bout des doigts, il lui murmura tendrement:  
 - « Ma douce, j'ai soif de toi!».
Et elle de lui répondre dans un demi-sommeil:  
- « Mmmm...! »    
Alors sans plus attendre, il se pencha gourmand sur son intimité délicieuse et posa ses lèvres sur sa merveilleuse source de vie, bien déterminé à amener Marylou rapidement vers la "petite mort"... 
 
 
Inéluctable          philomonique - copyrighted juin 2009

 

Publié dans Nouvelles

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Bizarre ... vous avez dit bizarre?

Publié le par philomonique

chat-super-vert.JPG

J’avais encore les yeux fermés et les paupières lourdes de rêves sans fin quand soudain à l’aube j’ai senti un gros nuage déverser son trop-plein en fines gouttelettes sur mon sommeil.
 
J’ai su alors que l’heure était venue. 
Je me suis levée, j’ai pris le chat, je l’ai mis dans la casserole et j’ai tiré la chasse. 
Tu n’étais pas là. Alors forcément, tu n’as rien vu, rien entendu. J’avais pourtant une nuit si chaude à t’offrir…
Pourquoi n’as-tu pas dit à mon oreille la douceur de vivre et de s’aimer ?
Mais pourquoi aussi le chat n’a t-il pas miaulé ? 
J’ai su alors que l’heure était venue. 
J’ai soulevé le couvercle de la casserole, ai retiré le chat, l’ai couché sous l’oreiller et me suis rallongée. 
J’ai sombré dans un gouffre sans fond, sans nuages, et sans gouttelettes cette fois. Le néant. Plus d’aube, rien que du noir magnifiquement broyé, obscur et profondément silencieux. 
Quand je me suis réveillée, tes mains parcouraient mon corps, ta bouche me murmurait mille mots tendres, mais ma curiosité fut d’abord plus forte, j’ai soulevé l’oreiller et ... rien ... pas de chat ! 
Alors tu m’as souri et j’ai vu une lueur bizarre passer fugitivement dans tes yeux verts félins.
 
 
Inéluctable          philomonique - copyrighted juin 2009
 

Publié dans Fictions et dérision

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Hésitation

Publié le par philomonique


                   

 

La porte se coince
La clef se tord
La poignée devient flasque

L'homme hésite devant cette incertitude
Passer une porte qui n'existe peut-être plus




Inéluctable          philomonique - copyrighted mai 2009

 
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L'Artiste

Publié le par philomonique

 

Le-Livre-Rouge-David-Jamin.jpg

"Le Livre Rouge"  David Jamin, Peintre (cliquer ici)

 

 

Il l’attendait depuis toujours

Mais elle n’était jamais venue

 

Parfois au creux d’un lit

Le corps douloureusement tendu

Vers son étreinte lointaine encore

Replié en lui pour avoir plus chaud au cœur

Il l’imaginait, la dessinait, la modelait

La courbant au meilleur de ses formes

La gratifiant d’une palette d’ombres

Que sa main agile et caressante

Déposait à la pointe de son fusain

Lui racontant ainsi ce futur tant et tant rêvé

Ses jours sans âme et ses nuits de brume

Au goût amer de temps perdu

Sans elle

 

Souvent, dans la fumée des bistrots désuets,

Quand la lumière se tamisait

Et que les amoureux lovés dans les alcôves

En ombres chinoises sur les murs le narguaient

Pour elle il déposait ses mots dans un vieux carnet

Lui  ouvrant sa souffrance du fil du temps

Qui se dévidait inexorable en son espace

Le ramenant à son passé solitaire sans avenir

Dont il aurait tant fallu s’affranchir à présent

Avec elle

 

Jamais pourtant elle ne l’entendait

Musant poseuse pour d’autres créateurs

Occupée à combler d’autres cœurs

A dresser des ponts

Entre elle et ces horizons

Qu’il n’osait même pas toucher

 

Ces tendresses qu’elle ne daignait lui accorder

Ses mains sur son corps bandé pour l’apaiser

Ses yeux, sa bouche, son souffle

Ces bonheurs qu’il croyait parfois respirer

Mais dans d’autres bras fugitifs

Tous ces trésors qu’il ne pouvait qu’effleurer

Les lui offrirait-elle un jour ?

 

Il l’attendait depuis toujours

Ses mots, ses dessins, ses corps sculptés

Formaient l’œuvre de sa vie transcendée

Pour elle

 

Elle n’était jamais venue

Viendrait-elle ? 

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted mai 2009

 

 

 

Publié dans Scènes de vie

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Lucille du Lac (Essai d'Haiku)

Publié le par philomonique




 

Grosses larmes amères
Sillons mouilleurs qui tagués
Sur ses lèvres closes

Murent sa peau tannée
A l’orée dorée du lac
Sans autre maudire

Et l’eau de là claque
Toc toc sur la dure coque
Echec et corps mat

De vagues en vagues
Lucille vacille et coule
Le coeur fou-et-tant…

... va la barque à l’eau qu’elle s’envase!
 
 
Inéluctable          philomonique - copyrighted avril 2009
 

 

Publié dans Scènes de vie

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Debout devant sa fenêtre

Publié le par philomonique

  

 

Debout devant sa fenêtre, elle se tenait. Le regard perdu au loin dans l’opacité de la nuit noire. Pensive, rêveuse. Absorbée par les murmures de ses pensées, déconcertée par les émotions retenues, par la foule des non-dits, qui n’osaient que si rarement franchir la frontière de ses lèvres.  

Elle se tenait là immobile à contempler la profonde obscurité, comme si elle attendait que quelqu’un lui dise : « viens, je connais le chemin, je te mets sur la voie ». Elle attendait depuis si longtemps.  Immobile elle demeurait, mais tout en elle n’était qu’impatience.

 

Debout devant sa fenêtre, elle se tenait jambes légèrement écartées, les coudes sur la vitre légèrement embuée, la tête sur ses poings, le corps penché en avant  pour scruter la nuit. Tout au fond d’elle pulsait l’énergie, la passion, la joie de vivre. Le tout emprisonné par je ne sais quel sortilège sur lequel elle s’imaginait n’avoir aucune prise. Ne l’avait-elle pas créé de toutes pièces ce monstre nébuleux qui l’empêchait de vivre sa vie comme elle se l’était imaginée: libre, vivante, créative, sociable, sûre d’elle, entreprenante, persévérante ? Où se cachaient donc les clefs de ce secret emprisonné, de ce frein inconscient ?

 

Debout devant sa fenêtre, elle se tenait droite, mais cassée à l'intérieur. Il y avait de la colère en elle. Rentrée. Un tumulte contenu, grondant, rageur. Du regret aussi. De l’amertume. D’avoir renoncé, de s’être résignée. De ne pas avoir pris d’autres voies que la sienne. Elle s’en voulait de son immobilisme, de son manque de persévérance, de ses choix passifs ou de ne pas avoir mené à bien des projets, avortés avant même d’avoir vu le jour.


Oh bien sûr elle avait réussi certaines choses. Elle avait créé la famille qu’elle n’avait pas eue, petit fille. Un mari affairé, qui ne lui posait pas trop de questions, des enfants qui avaient quitté le nid, il avait fallu se résoudre à l'affreux vide laissé par leur absence. Pas si simple. Elle avait trouvé une occupation et rendait visite à des personnes âgées ou handicapées à qui elle lisait des histoires deux fois par semaine. Elle était là pour les autres. Et pour elle-même, où était-elle?  Ses rêves où étaient-ils ? Ces autres vies qu’elle s’était imaginées parfois et dont elle aurait été l’héroïne parfaite  qui réussissait tout et mieux surtout! 

 

Mais qui s'était intéressé à qui elle était vraiment ? A ce qu’elle aurait pu faire de sa vie? Pourquoi n’avait-elle de son propre chef  jamais eu la force morale de se lancer ? Sans doute avait-elle vécu son adolescence dans un brouillard, sans se soucier de son avenir. Vivant dans l’instant, se laissant porter par les décisions des autres. Passive, vivant par procuration, facilité, paresse, la vie qu’un autre imaginait pour elle. Qui donc aurait pu lui indiquer la voie dans son entourage ? Son père, sa mère ? Ils étaient coincés dans leur petit monde, occupés à se battre contre de vieux démons et des souvenirs tragiques. 

 

Aujourd’hui, son acceptation tacite des évènements quotidiens  la révulsait. Elle avait les poings serrés enfoncés sur son front jusqu’à en avoir mal. Pourquoi s’était-elle soumise aux besoins et désirs des autres avant les siens ? Pourquoi avait-elle piétiné ses  rêves, sans jamais rien entreprendre. Il aurait suffi sûrement de tirer sur un seul fil de la pelote, comme elle se plaisait à le répéter aux autres dans la même situation, et tout le reste aurait suivi. RÉSIGNATION, quel horrible mot ! Et le temps s’était écoulé, elle n’avait rien fait. Et collée au coeur, cette impression d’avoir perdu ce temps précieux, de n’avoir plus que le vide comme ami. Au fond elle n’avait jamais été capable d’être qui elle était. 

 

Debout devant sa fenêtre, les yeux mi-clos à force de scruter le néant et le fond de son âme, elle savait qu’elle ne désirait qu’une chose au plus profond d’elle-même. Etre elle-même. Décider par et pour elle-même. Ecouter ses désirs. Ne plus se soumettre aux désirs et besoins des autres en niant les siens. Fini! Elle chercherait une nouvelle voie, quitte à se projeter sur les regards d’amis, à s’exercer au rôle du personnage qu’elle voulait être : une femme forte, une Femme encore, épanouie et libérée. Romantique aussi. Important l’amour. Vivre par et pour l’amour. L’amour de soi surtout, bien sûr! Mais aussi l'amour de quelqu’un, de quelque chose, d’un livre, d’un film, d’un passant, d’une musique, d’un instant. Il lui donnerait des ailes, lui permettrait d’avancer, de se transcender. Seulement ainsi deviendrait-elle l’unique, la préférée, la reine de l’histoire de sa vie.

 

Debout devant sa fenêtre, elle traça d’un doigt sur le carreau  embué  "JE SUIS ENFIN MOI" et se sourit à elle-même.  Non, elle n'avait vraiment  plus le choix. Elle se devait de l’être, pour elle-même. Immédiatement ! 

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted mars 2009

 

 

Publié dans Scènes de vie

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Toile masquée

Publié le par philomonique

 

Vous en avez laissé trop voir pour que je ne m’en sois pas aperçue. Ne me demandez pas pourquoi. Je suis passée par là. Le plus pur des hasards. Je l'y ai vue. Elle était là d’ailleurs pour se faire découvrir. Etre découverte ou montrée, c’est selon. Il faut un montreur et un voyeur, cela va de soi. L’ont vue donc ces autres yeux qui  la dégusteraient et vous apporteraient des agapes inédites. De celles dont on croit ne pas pouvoir se lasser quand on laisse libre cours au jeu.

Je vous sais à présent friand de ces gourmandises-plaisirs, de ces mises en scènes fantasmatiques. Vous êtes vous aussi forcément de ces acteurs-spectateurs  insoupçonnables qui jouent leur vie coté pile derrière les rideaux tombés de la « bien-penserie ».

Honni soit qui mal y pense. Je n’en pense rien si ce n’est que je devais bien le savoir quelque part. Ce sont des choses qu’on sait, comme ça, sans les voir. On les sent, c’est l’évidence même. Pas d’inertie là. C’est la vie qui ouvre le bal. Un peu grimée. Tronquée. Perverse voire. Comme nous. Vous, lui, elle, moi, l'autre et le voisin d'en face. Je vous le dis.

Vous n’y aviez pas pensé, n’est ce pas, que mes yeux capteraient l'image? Que je saurais ? Si seulement j’avais su, je ne serais pas venue là. Mais qui a vu, verra. Cela ne m'a pas échappé. J'ai vu et j'y ai cru, tout cru!  En quelques secondes, par un simple clic, et clac, de tout ce monde, moi j'ai vu et j'ai su, qu'y puis-je ?

« Pouvais-je le lui dire? » ai-je pensé. Fallait-il lui en parler ? La tentation fut grande de vous en toucher un mot. Toucher... Allais-je y céder à cette pulsion ? Pourquoi ne pas me laisser tenter? Mais plutôt que de parler pour ne rien dire, je me suis tue. Bien entendu! Bouche cousue sous le masque. Bâillonnée. Il n'était pas dit que vous seriez sensé savoir que j’avais vu, ni vouloir le savoir. Ni vouloir m'entendre le dire. Alors motus. Grande sagesse. J’ai gardé ce que je savais pour moi et l’ai couché ici sur la toile courante. Ma main en tremble encore. J'ai cru comprendre ce que vous ne daigniez m'avouer...

Ode au carnaval de la vie et à tous ses acteurs-spectateurs masqués. Ode aux plaisirs immédiats, consommables et consommés à merci, occulteurs de passé et d’avenir! Ode à la mixité intra, supra et sub-sensorielle des corps, aux fous mélanges dépourvus de fausses pudibonderies et bondieuseries! Ode aux bouillons de culture des autres bien orchestrés en duos, trios, quatuors, ou petits groupes symphoniques sur des musiques bien chambrées et des contes des mille et une nuits! Ode à l’ivresse des grands animaux animés que nous sommes, animés d’une âme certes (paix à elle), mais animés de feu dans leur chair!

Laissons donc là la marchande de crucifix, comme le disait si bien une amie! Et si on s’éclatait pour oublier qu’on est mort déjà? Séduisons, aimons, faisons semblant, chassons. Frémissons pour ne plus mourir à nous-mêmes! Divertissons-nous, si non-Dieu le veut!

Assez de toutes vos belles grandes théories! Trêve de bavardages. Avez-vous cru me leurrer? J’en ris encore, qui pleure aussi. Ce festin là, ne m’était évidemment pas destiné. Peut-être même n’en était-ce pas pas un!

Dites-moi franchement, nous qui nous pensons parfois uniques, combien sommes-nous à jouer et à nous déjouer ainsi voilés ? Otez donc votre masque, que je puisse enfin vous accepter dans vos droits d’auteurs de votre propre vie, quelle qu'elle soit!

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted mars 2009

Publié dans Fictions et dérision

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Miroir...mon beau miroir

Publié le par philomonique



 miroir.jpg



 

A l’image de mon âme, ô mon miroir, tu es l’ami des jours sans tain

Le chantre de mes vrais semblants et de mes farces de gamin grimé

Sorte de banquier piégeur, et trompeur aussi, de mes amies les alouettes

Si gentilles alouettes, plumées ah les pauvres si vous saviez,

Tu leur en as fait miroiter des résultats chatoyants, dis donc !

 

Tu trônes là, accroché et toujours bien poli à un pas à peine de mon injuste regard

Et ne perds de vue pour rien au monde ma face double, volte (face) & Cie

Que tu t’évertues à bien éclairer de tes nombreuses réflexions

 

Souvent, je t’épie du coin de l’œil, cherchant un reflet inconnu

Qui dans ton dos ouvrirait une porte vers d’autres réalités.

J’ai beau sonder, mais tu n’as cesse de me réfléchir, totalement prismatique

Grand penseur et f(l)outeur de merde lors de mes grandes questions philosophiques :

Suis-je beau ou ne le suis-je pas ? L’être ou ne pas l’être, n’est-ce pas l’essentiel ?

 

Avoue, c’est vrai, que tu m’assailles chaque matin, profond chagrin,

Me renvoyant des rais violents, lacérant comme au couteau ma peau,

La sillonnant de rides fraiches, sur le front, le cou, partout,

Me plissant amèrement le coin des lèvres,  me creusant les yeux d’un noir luminescent.

 

En voilà un triste constat. J’ai une mine d’enfer.

Je bois trop, je danse trop. Je mange trop. Je suis foutu.

Le temps filou file dans le miroir, et un mauvais coton, c’est évident!

Je fais bien trop peine à voir

 

Moi, Narcisse, demain, j’enlève le miroir
Et je me fais tirer le portrait!
Foi de
Dorian!

 

 

Inéluctable          philomonique - copyrighted février 2009

 


 


 

Publié dans Fictions et dérision

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